Un coup de corps virant au coup de cœur

Je n’ai pas très bien dormi, comme souvent quand c’est la première fois. Je t’ai senti toute la nuit : dormir, me toucher, ronfler. Je t’ai touché aussi. Et j’ai fait ce rêve qui tourne en boucle et qui me donne l’impression que je suis éveillée, une sorte d’obsession qui revient sans cesse sur la même image. Mais en fait, je sais que je dors. Au matin, je sens les effets de l’hormone de l’attachement, l’ocytocine, qui s’est diffusée dans mes veines. Je la perçois, parce que malgré la fatigue, je me sens légère et heureuse. Je sens aussi ma capacité à la diffuser, en jouir encore pendant quelques heures, et puis la laisser se dissiper petit à petit. Ne pas l’entretenir, une forme de cure de désintoxication évitant l’attachement, justement.

Envolé le désir, vivre à l’instar d’une machine à plaisir.

Des mois que je suis coupée de moi. En quelques sortes. J’avais la sensation de m’éloigner de mes envies, à force de répondre à celles de l’autre. A force de m’adapter, le fil s’est déconnecté de mon moi intérieur. J’ai plusieurs fois ressenti une impression de ne plus être la même personne, de sortir de ce corps, ne plus avoir souvenir de ce qui s’est passé. Envolé le désir, vivre à l’instar d’une machine à plaisir, telle ce futur robot sexuel qui arrive sur le marché. Comme arrivée à un point de rupture, celui où le dégoût se pointe juste après le goût. J’ai senti alors que je devais prendre soin de moi, me reconstruire, me retrouver.

Tu t’es présenté à moi, intéressé par mon univers si ouvert d’esprit et marqué de mes aventures en mode sexploration. J’avais envie de douceur, de connexion, de lenteur aussi. Notre amie commune m’a rassurée sur cet aspect de toi, qui devenait vital pour moi. Visiblement, elle avait raison, tu sais être à l’écoute de l’autre. La présence ancrée de soi et à l’autre, assaisonnée de l’envahissement du moment présent. « Tu aimes quand tu fais l’amour » : je l’ai retrouvé cette sensation et je t’ai reconnu.

« Tu aimes quand tu fais l’amour »

C’est un point commun que nous avons, je peux le dire sans hésitation. Un ingrédient que j’ai décelé si rarement ailleurs, mais surtout que je n’avais pas compris de moi. C’est mon amoureux de 2015, Christophe, qui m’a soufflé cette phrase dès notre troisième rencontre. Lui, il sait aussi. Une des caractéristiques qui m’a tant attachée à lui. « Tu aimes quand tu fais l’amour »… avez-vous bien lu ? non pas « tu aimes faire l’amour ». Était-ce utile de préciser la subtile nuance ? Il est question de don de soi, je crois.

La transe : danse de la peau. Je me vois sous tes doigts. Je me suis rarement sentie autant écoutée dans une baise qu’avec toi. Rythmes posés. Sensualité. Éveil des sens. Me sentir vivante ! Sentir chaque parcelle de peau dans une ultra sensibilité proche de l’orgasme à chaque frôlement. Avec toi, je retrouve le toucher qui me fait vibrer, qui me transporte dans cet autre monde. Et tu le vois, et tu aimes ça, et tu t’en délectes. Même si tu n’éjacules pas, tu jouis de ce plaisir procuré.

J’aime m’offrir à toi.

J’ai tellement eu envie de te dire “je t’aime”, ce mot qui exprime mieux qu’un long discours l’extase dans laquelle mes hormones me propulsent. Mais il n’est pas approprié dans notre langage sociétal actuel, il n’en a pas ce sens. Alors, les seuls mots que j’ai su prononcer sont “tu me fais du bien”. Oui, je te rends responsable de ce plaisir, tout en gardant en conscience que le « deux » est essentiel. Je me souviens que ce qui se passe dans ma tête à ce moment-là a bien son rôle à jouer.

J’aime m’offrir à toi. Pour notre troisième fois, c’est toi qui t’offre à mes cordes. Ton abandon et les expressions de plaisir que tu exprimes me transportent instantanément dans le royaume de la sensualité qui est si excitante pour nous deux. C’est confirmé, j’avais presque oublié qu’on en était déjà là la dernière fois. Nos corps sont restés collés toute la nuit. J’ai encore fait ce rêve répétitif qui me fait somnoler, mais cette fois-ci tu n’as pas ronflé. C’est aussi un effet que je produis souvent, une sorte d’apaisement à mon contact de peau ou d’énergie. Qui sait ?

 Mon coup de corps vire en coup de cœur, sans passer par le coup de foudre.

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10 commentaires sur « Un coup de corps virant au coup de cœur »

  1. Vos textes, humeurs dévoilées, secrets romancés, sont si beaux et si touchant à lire que l’on se remet en cause ou se les approprie forcément dans quelques moments de nos vies. J’ai eu plaisir à vous lire.
    Merci

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire. C’est touchant pour moi de savoir que je peux faire plaisir avec mes mots ou mes images

  2. Comment ne pas être en connexion avec ce ressenti, de ne plus être soi même, quand à mon niveau je me suis réfugié dans les images pornographiques à défaut de pouvoir vivre l’amour physique … jusqu’à en avoir une overdose, une indigestion. Un véritable cercle vicieux (qui porte bien son nom) à la recherche de l’image de jouissance absolue. Et puis vint cette rencontré via messenger, d’une femme qui m apprit à nager, à refaire surface et à me montrer à la lumière du jour, à la lumière du jouir. Sans fausse pudeur. Apprendre à contrôler mes pulsions et mes fantasmes. A ne surtout pas faire de transfert amoureux sur les personnes attentionnées à mon égard.

    1. Je vois très bien ce que tu veux dire, le cercle vicieux est facile à prendre en effet. Tout est question de modération et de diversité finalement.

  3. Oui. Je te le dis Érèll, j’apprécie beaucoup ce texte. Il parle vrai et il est juste pour moi. Ça me correspond très bien cette phrase « Tu aimes quand tu fais l’amour ».
    Oui. Comment ne pas aimer ça? Comment ne pas m’aimer moi-même quand je fais l’amour? Et comment ne pas aimer l’autre? Avant de faire il faut être. Être connecté à soi-même ou soi-m’aime. Et si la connexion se perd, alors il faut la retrouver.

    1. Bonjour. Merci beaucoup pour votre commentaire qui me touche par son authenticité et le miroir. Vous complétez ma pensée qui passe par le ressenti.

  4. c’est un très joli texte dans sa pureté des sentiments dévoilés. il est bon de dire – je t’aime – vous parlez en profondeur d’une belle rencontre

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