Ce matin, tu t’es absenté suffisamment longtemps pour que j’assouvisse une envie. Une envie qui est née il y a déjà quelques semaines, quand j’ai vu dans ton ordinateur au détour d’un clic, le répertoire des vidéos que tu adores prendre de tes conquêtes sexuelles. J’ai conscience alors que ce n’est pas terrible, de faire cela sans te demander, de rentrer ainsi dans une autre intimité. En même temps, je sais que tu aimerais qu’on les regarde ensemble, que je connaisse tout de toi. Ton ordinateur et ton portable n’ont pas de mot de passe, car tu n’as rien à cacher. Ainsi, la curiosité et l’envie ont été plus fortes que la bienséance, et j’avais décidé d’assumer jusqu’au bout.
Au début, la boule au ventre était présente : qu’allais-je découvrir ? est-ce que cela allait me rendre jalouse ? est-ce que je verrais des choses que je ne connais pas de toi ? comment allais-je réagir ? J’ai commencé avec les vidéos prises avec une complice que je t’ai présentée. Je vous avais laissé une après-midi tous les deux pour faire connaissance en tête à tête après notre rencontre à trois. J’ai aimé ce que j’ai découvert, c’était doux pour moi. Alors, gaillardie de ce premier visionnage, je prends un risque plus grand en sortant de ma zone de confort avec le dossier d’une fille dont je n’avais jamais entendu parler. Avec plein de questions en tête évidemment : quand ? qui ? comment ? et la suite ?
Quelle ne fut pas ma surprise de ressentir du plaisir, de l’excitation, de l’intérêt sincère. Aucune ombre au tableau de ce que j’étais en train de vivre en mon for intérieur. Définitivement je suis candauliste. J’aime te voir avec une autre femme, en gros plan ou quand tu lui parles. J’aime imaginer le plaisir que tu peux lui donner, comme tu me le donnes et cela me réjouis de pouvoir le partager. Même si cela se passe avant et/ou sans moi. J’aime observer ta gourmandise, le plaisir presque enfantin que tu as dans ces moments-là, quand tu vis une nouvelle rencontre. J’ai deviné que c’était une première fois, car tu filmes souvent les premières fois. Et non, sur 20 minutes de film, je n’ai pas découvert un autre homme que celui que je connais. C’était rassurant.
Et pourtant je ne suis pas vraiment voyeuse. Il y a quelque chose qui me dégoûte presque quand je ne connais pas les gens qui baisent. Surtout en extérieur. Mais dans l’intimité, c’est différent. Quand j’aime aussi c’est différent. Il a dû m’arriver de regarder un film porno en couple par deux ou trois fois dans ma vie, sans arriver au bout ni bien loin. Est-ce bien d’ailleurs le but ? Pourtant, quand tu m’as demandé de me filmer pour te ramener des images avec mes amants, je t’ai proposé un direct sans hésiter. Et ça m’a plu. Tu es voyeur, je suis exhib : une belle complémentarité ! C’est aussi avec toi que j’ai appris à être à l’aise en vidéo. Parce que tu n’aimes pas écrire ni lire, j’ai accepté d’échanger à distance avec toi au moyen de la vidéo. Je me souviens de la gêne mêlée au plaisir de faire connaissance, un léger trouble perceptible même avec une connexion médiocre. Et puis, je m’y suis habituée rapidement.
Auparavant, je n’ai pas réussi à apprécier une « cam » sexuelle, même avec mon chéri. Je me sentais presque ridicule, n’y voyant aucun intérêt. Alors de là à apprécier de regarder nos ébats, ou celui des autres, c’est de l’ordre du grand écart. Quel changement s’opère en moi ? tout un cheminement sur le regard porté sur mon physique. Quand je me vois en vidéo, je me dis que c’est une autre personne. Celle que je ne connais pas mais que tous voient. Parce que forcément je ne me vois pas telle que je suis. Je remarque le regard des autres, j’écoute les retours qu’on me fait, les compliments. Et j’essaie de les intégrer. Alors plutôt que de porter un jugement sur mes formes, je me mets à les accepter ; et par ricochet, je fais la même chose pour les autres. Le jugement disparu, il ne reste que le plaisir, l’esthétisme, la beauté du moment. Et c’est là que ça devient intéressant.
La clé, c’est l’absence de jugement : pourquoi avais-je une peur bleue de prendre la parole en public, de faire un film pour une cause qui me tient à cœur ? par peur du regard des autres que je pensais être aussi dur que le jugement que je porte sur moi. Pourtant, sur les autres, mon propre regard est indulgent. J’admire les personnes qui semblent à l’aise en toutes circonstances, qui s’expriment avec leur corps, qui osent. Et pour ceux qui le sont moins, j’ai beaucoup d’empathie (et pour cause) et je tends souvent la main pour détendre l’atmosphère (comme j’aimerais qu’on le fasse avec moi). Alors, quand je me suis découverte animée et vivante dans un reportage réalisé il y a trois ans, je n’en soupçonnais pas l’impact : une porte s’est ouverte, et je la pousse doucement pour explorer à mon rythme un nouveau monde de trésors offerts.
Quand tu es revenu, j’étais toute émoustillée et je t’ai tout de suite dit pourquoi. Ton visage s’est éclairci d’un sourire complice et joyeux : tu aimes ma curiosité, celle qui nous rendra encore plus complices désormais.
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Qui a dit que la curiosité était un vilain défaut ?
C’est pour moi une preuve d’intérêt pour la personne qu’on côtoie ou qu’on « espionne ».
Et puis plus on connaît l’autre plus on peut l’apprécier tel (le) qu’il (elle) est !
Une preuve d’amour ou de confiance de la part de l’autre qui laisse l’accès à son intimité.
Vive la curiosité !
Joli commentaire. J’ai eu la même indiscrétion dans le téléphone de Paul récemment… et c’est en effet un acte pour mieux comprendre l’autre, pas pour juger de ce qu’il fait ou pas.
Ah, le téléphone c’est peut-être différent selon moi.
Nous nous sommes donnés pour règle que chacun pouvait avoir son espace privé et c’est là qu’il se trouve.
Et heureusement car Erell serait probablement une source de désaccord.
Ce que je peux admettre.
Nos règles ne sont pas les vôtres.
Nous n’en sommes pas à ce stade.
Finalement, chacun a aussi son accès personnel sur l’ordinateur commun.
Nous sommes peut-être d’une autre génération dans mon couple.
Je ne pense pas que cela soit une question de génération. Pour moi, le téléphone ou l’ordinateur sont tout aussi personnel, et ma mention était complémentaire à l’article. Dans les deux cas, j’ai été indiscrète mais plus par curiosité que suspicion.
J’ai bien aimé votre article , et je partage votre cette vision généreuse du couple .
Merci beaucoup ☺️
Comme je comprends ton empathie et la bienveillance de ton regard que tu a eu à mon égard. J’aime toujours autant te lire et j’aime à te le dire
Merci Pierre
Je découvre tes textes ils me correspondent énormément je m y retrouve
Vous m’en voyez ravie ! Bienvenue et n’hésitez pas à vous abonner pour être informé des nouvelles publications.
Eh oui Lady, la clef c’est l’absence de jugement….. et ce pas seulement dans les rapports amoureux et/Ou intime. Ça c’est de l’amour. Aimer ce qui Est.