L’image du couple de mes parents, mon modèle sentimental par nature, correspond à une ancienne génération. 40 ans de mariage, le seul homme de ma mère. Pourtant, ce n’était pas un long fleuve tranquille, leur vie de couple. Ce qui a pu mettre de la confusion dans mon esprit, et peut-être dans mon cœur, c’est ce mélange d’amour fusionnel inséparable rythmé par la violence de leurs disputes quasi journalières. C’était donc ça l’amour. J’ai essayé de m’y conformer, sans même y réfléchir. Ce fût un échec cuisant : 4 histoires entre 17 et 37 ans, qui ont durées 2×3, 8 et 6 ans, sans période de célibat. Enfin, un échec pour ma mère, qui dès le deuxième homme de ma vie, m’a prise pour une salope. Parce que finalement, avec du recul, je me dis qu’au début du 21ème siècle, n’avoir eu que quatre hommes en 20 ans, ce n’était pas si conventionnel que ça. Et quand je dis quatre hommes, je n’exclue personne, aucune rencontre d’un soir.
Quand je sors de ma dernière relation en 2011, par un coup de pied au cul (pour ne pas rentrer dans les détails), j’ai 37 ans et 3 enfants. Je me dis que personne ne voudra plus de moi avec mon âge et mes « bagages ». J’avais même dans l’idée de payer un escort-boy. Je me souviens encore de la tête de l’amie à qui j’en parlais à l’époque… Il faut dire que mon appétit sexuel est à l’image de la sexualité de mes parents : si possible tous les jours et jamais plus de quinze jours d’abstinence, même pendant les grossesses. J’apprends alors très vite à me masturber, ce qui ne m’avait jamais semblé nécessaire jusqu’à présent. Bien sûr, cela ne me satisfait pas du tout, je suis en manque de chaleur interne, d’une chaude et douce sensation de pénétration. Je décide alors de sortir seule, avec dans l’idée de rencontrer et de conclure.
Quand, à 1h du mat, tu m’accostes boulevard St Germain en mode drague pas très subtile, je suis tellement déçue de rentrer seule après avoir écumée bal des pompiers et caveau de la Huchette, que j’accepte tes avances. Tu as 26 ans, je devine ta peau douce et tu dis aimer les filles plus vieilles que toi. Moi je trouve ça bizarre mais après tout, c’est une première pour moi. Avant d’accepter de te ramener chez moi, alors que je ne sais rien de toi, je te demande juste de me promettre de prendre soin de moi. J’avais juste peur d’être baisée sans attention, ce qui ne m’aurait pas aidé à reprendre confiance en mon pouvoir de séduction. Jusque-là, je n’avais jamais couché avec un homme le premier soir, et j’étais d’abord tombée amoureuse de chacun de mes quatre hommes en ayant appris à les connaître longtemps avant de « craquer ». C’était le point commun à toutes mes histoires. Comme dans les contes de fée !
Tu as pris soin de me donner du plaisir, de prendre ton temps, de faire monter le désir, d’écouter mon corps. Quand j’ai joui, j’ai eu envie de te dire « je t’aime », parce que je ne pensais pas qu’il était possible de jouir dès la première fois. Tu as pris soin de moi, mais ça a été la seule fois. Ensuite, tu ne perdais pas de temps à me lécher pendant des heures, tu allais droit au but. Pourtant, tu es ma première histoire à rallonge. Je te voyais quand je n’avais personne d’autres, aucune histoire sérieuse n’étant possible entre nous à cause de ta culture et ton âge. Au bout de six mois à ce mode, tu m’as demandé pourquoi je ne me satisfaisais pas de toi, tu ne comprenais pas ce que je pouvais attendre de plus qu’un week-end de sexe tous les 15 jours. Après notre rencontre, j’ai décidé de m’inscrire sur un site de rencontres, pensant que je mettrais bien trop de temps dans la vraie vie à trouver un nouveau chéri. Et j’ai commencé à papillonner, à rencontrer différentes personnes, à apprécier de suivre mes envies et de coucher dès le premier soir. J’ai commencé à percevoir que mes ébats étaient appréciés, que j’avais un truc différent, que les hommes étaient charmés. J’avais l’embarras du choix et je choisissais. Les histoires duraient quelques mois, juste le temps de faire le tour et de passer à autre chose. Des sentiments naissaient, des passions aussi, mais elles disparaissaient presque aussi vite. Comme un flan qui retombe à la sortie du four. J’affinais mes préférences sexuelles, je devenais plus exigeante aussi. Je jouais avec les rendez-vous coquins mais toujours à la recherche du grand amour. Je m’engageais sentimentalement dans chaque rencontre, bien qu’elles soient plus ou moins éphémères. J’ai surtout pris confiance en moi, en mon sexappeal, en ma capacité à séduire et surprendre aussi. A porter des tenues de plus en plus sexys, non pour faire plaisir aux hommes, mais pour me sentir belle, pour mettre en valeur mes formes. Je me souviens avoir acheté ce livre « Osez rendre un homme fou de plaisir », petit manuel ludique d’une collection bien agréable. C’est ainsi que j’appris qui j’étais sexuellement.
Pendant 3 ans, j’ai exploré les rencontres d’un soir et plus si affinités. Je suis tombée amoureuse, et j’ai été quittée. Pour la première fois de ma vie aussi. J’ai vécu les papillons dans le ventre, les montées d’adrénaline et les déceptions vertigineuses. J’ai quitté une énième fois au bout de 3 mois. Et puis, j’en ai eu assez de vivre les montagnes russes. Je ne comprenais pas ce qui se passait à chaque fois que je rentrais en couple, plus rien n’allait, très rapidement. Il y avait toutes ces questions que je me posais sur les hommes mariés qui essayaient d’obtenir mes faveurs, sur les histoires de tromperie, d’adultère, ce besoin d’aller voir ailleurs au bout d’un moment. C’est en cherchant la définition de polygamie que je tombe pour la deuxième fois sur le terme « polyamour » et que ma vie bascule après une déception de plus.
Passant de 4 en 20 ans à 1 par mois en moyenne, je commençais à mériter mon nouveau statut de « salope ».
Les liens cités dans cet article, et ceux que tu pourrais aimer :
Quand il est question de pudeur
Du polyamour au libertinage ou la fin de la pudeur
Une rencontre d’âmes, un dimanche de janvier
Si tu aimes cet article, dis-le moi 👇🏽 j’ai envie de savoir 😃
J’aime surtout le ton. Vous ne cherchez pas à vous excuser, vous ne vous cachez pas : vous dites… On vous sent dans cet article, entière et vivante. Vous n’êtes pas seulement en vie, vous êtes vivante et vous le revendiquez, même si cela a un prix, même si cela est douloureux…
Merci pour votre sensibilité. C’est rarement douloureux. Le seul article que j’ai écrit dans la douleur c’est « de la perversion de l’amour »…
Je pensais davantage à la douleur de l’évolution, du /des choix, de l’inconfort d’une situation ayant pu être considérée comme étrange par les autres…
De manière générale, je ne fais pas trop attention à l’avis des autres, même des êtres proches et ils le savent bien ! Sinon, je ne ferai pas tout ça. C’est en conscience et par choix, toujours en accord avec moi. J’assume chaque acte pour ne jamais avoir à regretter. Il doit bien y avoir des exceptions quand même.. 😉
C’est un idéal à atteindre. Le fait que vous y arriviez doit être une grand soulagement, un apaisement (enfin de mon point de vue…)
Cela fait partie de mon épanouissement et participe à ma capacité à le partager
Je découvre votre blog. Cela m’incite à en lire davantage et à vous suivre…
Qu’importe le statut si t’en es fière. On devrait tous avoir quelques fières salopes dans ses 06, ne serait-ce que pour se souvenir que même sans aller très au fond, on ne contrôle pas grand chose et que c’est parfait comme ça.
S.I.
« Sans aller très au fond » qu’entendez-vous par là ?
exigeante salope éthique
J’aime ton histoire je viens de rencontrer une personne à ton image. Notre histoire fut éphémère alors que je commençais à y prendre goût.
Tu m’as inspiré je cais aller la rechercher.
Merci pour ton partage😚