Partir seule au Cap d’Agde, je vois la vie en ose

Un contexte hors du commun

Quand je le rencontre via AdopteUnMec en février 2015, il est libertin et moi polyamoureuse. Je ne connais pas son monde, le mien est de l’ordre de l’impossible pour lui. Nous devenons amis, voire amireux. Quelques galipettes de temps en temps quand il vient à Paris, sauf quand il est en couple. Puis, il m’invite avec mon/mes partenaires à découvrir le monde libertin du Ch’nord. Aucun n’aura le temps de revenir, mais il en a vu passer quelques-uns. C’est tout de même grâce à lui que ma vision du libertinage est devenue suffisamment belle pour que je me laisse tenter. Il en va de même du naturisme, dont il me vante les vertus en long, en large et en travers au point de me donner envie de le rejoindre, avec sa douce, au Cap d’Agde. Réservation faite en février pour août, 2017. Quelques jours en commun, histoire d’être rassurée, puis seule. Mais la vie en décide autrement, et ce sera donc en couple que je découvrirai ce haut lieu du naturisme devenu libertin. Cette année, rien ne me détournera de mon dessein. Je décide d’y aller début juillet, et je réserve un tout petit logement en plein cœur du Village Nature, bien décidé à ne pas me faire envahir.

A mon arrivée, je retrouve la chaleur. J’ai de la chance car il fait déjà très beau même en ce début de saison. Je respire aussi cette liberté que je m’offre de vivre comme je le veux. Sans avoir rien à demander à personne. D’aller et venir comme bon me semble, de manger, dormir, me promener et faire mon shopping, la sieste et les moments virtuels. Ne tenir compte que de mes envies, au moment présent. Comme j’aime cela ! Rien n’est obligatoire, tout est possible. Allons-y ! Je suis une solitaire, et j’ai besoin des autres. J’aime être seule avec mes moi, tout autant que de partager un moment d’interaction sociale. Ici, je sens que le juste équilibre est possible, à portée de tout mon être. Je saisis alors cela à pleine joie. Je vais alterner des rencontres qui me rassurent avec des personnes que je connais, et des aventures solitaires pour aller au-delà de mes limites sans autre challenge que le dépassement de soi.

Oser aborder

Je passe les deux premiers jours en partie avec un couple d’amis venu à ma rencontre pour l’occasion. Joie, plage, dîner, de belles danses entre filles, des caresses, des douceurs, des mots, un brin de séduction, des baisers distillés au compte-goutte. Et cela nous suffira, visiblement. J’éprouve alors un réel plaisir à ne pas me sentir obligée de plus, même s’il y a des affinités confirmées et certaines entre nous. Nous les avons déjà éprouvées, et il est si doux de nous retrouver autrement, amicalement, tout en conservant la tendresse, les jeux de séduction, la complicité des regards. Je suis là pour écouter mes envies, qu’elles soient présentes ou non. Aller à la rencontre de mes absences d’envie, cela fait partie de l’auto-empathie, et je les accueille sans jugement. Je veux suivre ce qui vient, être actrice de mes rencontres, prendre des initiatives, aborder. Une première occasion se présente dès le deuxième jour, alors que je rejoins mes amis au bar de la plage. Un homme aux cheveux longs, assis sur un banc, attire mon attention. Pas très étonnant quand on sait que j’aime les cheveux longs chez les hommes (et les courts chez les femmes).

Je m’arrête un peu plus loin, la panique se frayant un chemin vers mon estomac. Gloups, comment faire maintenant ? je fais mine de regarder mon téléphone, tout en jetant des petits coups d’œil en sa direction. Et si finalement il ne me plaisait pas ? ça serait con de perdre du temps à essayer de lui parler alors que mes amis m’attendent. Je demande conseil par sms, elle me dit que je n’ai rien à perdre. Je fonce, tête baissée. C’est une première pour moi. Bonjour, vous êtes seul ? ah… c’est compliqué… bah moi juste ce soir. Il est surpris, dit que ça n’arrive pas souvent, il a l’air content quand même. Je lui laisse le nom de Lady Erell au cas où. Il ne me recontactera jamais. Mais je l’ai fait, et ça me suffit. Je rejoins mes amis, toute joyeuse de ce premier ose.

Le lendemain, c’est équipé de mon gode-ceinture que j’arpente les allées du Cap libertin. J’ose accueillir les regards sur moi, qui ne manquent pas d’affluer. Et je relève la tête, car maintenant il faut que j’assume ce que j’ai commencé. C’est comme ça que j’irai tester la pole dance pour la première fois, sur un bar. Parce qu’un très beau travesti m’a donné envie de le rejoindre. C’était si évident, lui en femme, moi en homme.

 

Une histoire qui me fait du bien

Ce soir-là, je suis seule. J’hésite à sortir. Peur de m’ennuyer, de ne pas savoir quoi faire. Je me mets un coup de pied au cul, je suis quand même venue pour ça, et pour le moment je n’ai pas beaucoup été seule. Pour ça : oser accoster, oser choisir aussi. Et puis, je croiserai peut-être celle que j’ai surnommée Sissy. C’est décidé, je mettrai une tenue qui envoie des signaux de Domina. C’est le rôle dans lequel je me sens le plus en sécurité. Et pour cause : c’est moi qui décide ! Mais étant seule, je n’ose pas arborer mon sexe artifice comme avant hier.

A peine dehors, les regards affluent. Je marche de façon déterminée du haut de mes jolis escarpins. Premier abordage : un vieil homme tout pas beau qui a bien envie de commencer et finir sa soirée avec moi. « Désolée, non je ne suis pas disponible », avec un sourire de remerciement. Je suis en quête d’une pochette élégante, accessoire que je n’ai pas prévu. Un seul magasin et hop l’affaire est dans le sac. C’est là qu’il m’aborde. Un charmant jeune homme bien bronzé. Qui cherche une Domina. M’a vu passer devant le bar où il sirotait son apéro. S’est dit que c’était moi qu’il cherchait depuis son arrivée. Il me demande si je suis maîtresse. Échanges de quelques mots et des numéros pour se revoir dans les jours à venir. Je suis ravie.

Alors que nous discutons avec un couple qui passait par là et qu’il connaît de la veille, je vois au loin la grande silhouette de celle qui pourrait être Sissy. Le travesti avec qui j’ai dansé avant hier sur le bar. Je prends congés de mes hôtes pour essayer de la retrouver dans les dédales des rues commerçantes du Cap. C’est bien elle ! Contentes de se revoir. On s’était croisé déjà « par hasard » hier soir. Rendez-vous pour plus tard dans le même bar. En attendant, un bon repas au bord d’une jolie piscine. De quoi avais-je peur déjà ?? Je ris de moi. 

Après un délicieux repas qui a débuté cette soirée dédiée au plaisir, j’ai retrouvé mon futur soumis, le couple et ma Sissy, ensemble. Moments coquins et espiègles. Puis, mon envie de liberté me pousse à poursuivre mon chemin. J’avais aussi rendez-vous avec un couple d’espagnols rencontré l’année dernière. Je sais plus ou moins où les trouver, je connais un peu leurs habitudes. Le Boudoir. C’est soirée blindtest. Musique française années 80-90, je me prête au jeu qui s’avère drôle, finalement. Le Dj est bon. C’est là que je vois « mon » Brad Pitt de 43 ans. Une bombe le mec.

En train de nous faire un striptease à la barre de pole dance. Échanges de regards, plus tard. Lui, il me plaît. Beaucoup. Je décide d’avoir confiance en moi. Je danse, je danse, je souris, je me lâche, et je le regarde. Il semble timide, pudique, et ses amis le poussent vers …d’autres femmes. Soudain, je doute. Je ne dois pas lui plaire, ou pire, je lui fais peur. Et puis nos corps se rapprochent sur la piste de danse. Il se retrouve derrière moi, proche. Je ne le lâche plus. J’ondule. Doucement. Je ne veux pas l’intimider.

Nous finissons dans les bras l’un de l’autre. Il est magnifique aussi de près. Je me délecte de ses muscles secs. De son regard doux. De son sourire bienveillant. Wouah ! Tout ça pour moi. Bien sûr, il y a un hic. Mais cela me va aussi. Tout est parfait. Il dit aimer mon énergie, m’avoir repérée dès mon arrivée, mon sourire et mon regard qui sont si présents. Mais, mais… sa copine n’est pas encore arrivée. Il faudra en rester là. A notre plus grand regret bien assumé. Je respecte. Et je jouis de ce qu’il me reste. C’est déjà beaucoup.

D’autres oses

Et puis, j’étais aussi venue faire des photos d’hommes. Je m’étais imaginée, je m’étais programmée pour cela. Le studio loué est néanmoins bien trop petit pour que cela se fasse en intérieur, ça complique les choses. Je me mets quand même en quête de modèles qui me plaisent. Le challenge est de les aborder, d’oser les aborder et oser essuyez des refus. Je crois que si j’accepte par avance, le plus difficile est déjà fait. L’acceptation de ce qui est, le lâcher prise. Tout est parfait à sa place à ce moment-là. J’ai donc reçu des refus, et j’ai passé mon chemin sans le prendre personnel. J’en ai presque joui. Un seul a accepté, un espagnol à qui j’ai expliqué mon travail en anglais. Il s’est prêté au jeu avec amusement, et ce fût un court moment suspendu très agréable.

Enfin, celle que j’ai appelé Sissy, Olivia, m’a fascinée dès le premier coup d’œil. Elle dansait sur le comptoir pourvu d’une barre de pole dance. Pas forcément très bien, mais avec une telle envie de s’amuser, de jouer, de paraître que j’ai eu envie d’être aussi à l’aise qu’elle. Si elle y arrivait, je devais pouvoir le faire aussi, après tout. Je me suis lancée, équipée de mon sexe artifice. La singularité opposée de nos accoutrements a égaillé ma motivation : lui en femme, moi en homme. J’ai adoré sentir le regard des autres, souvent amusés. Je n’ai pas reçu de sifflements ni de tomates, alors j’ai recommencé les jours suivants. Et puis, j’ai croisé la miss à plusieurs reprises, en bord de plage ou dans les magasins. Toujours un plaisir de se taquiner/de se peloter. J’aurai aimé garder son contact. Elle est de Marseille, alors si vous la reconnaissez, dites-lui où me trouver !

 

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