#metoo vice et versa

Frans

Toute son enfance avait été profondément marquée par cette opération. Aucune explication logique ou compréhensible pour un enfant de 5 ans, dont la maman vivait des moments intimes par devoir, en souffrance. Il a très longtemps eu une image extrêmement négative du sexe mâle, et du sien en premier lieu. L’image de son propre pénis était déformée par son vécu, faisant le maximum pour ne pas en tenir compte, ne pas montrer à l’autre (celles dont il était amoureux) ses désirs et ses envies. Ainsi, même avoir une érection et en jouir était vraiment très sale pour lui.

Il n’avait jamais éjaculé avant ses 19 ans, jamais comme ça. Parfois, cela lui arrivait par inadvertance pendant son sommeil, découvrant au réveil ses sous-vêtements souillés. Maman souffrait d’un mari très en demande et se soumettait, un devoir de soumission à cet homme qui tenait les cordons de la bourse. Pour lui, le sexe était donc la source de toutes les souffrances, par la faute des hommes. A cet âge-là, il ouvrait aussi les yeux sur le monde : c’était l’époque de la guerre du Vietnam avec toutes ces atrocités, celle de la famine au Sahel, du développement des centrales nucléaires et des drames en tous genres. L’homme était donc la source du mal et le plaisir sexuel n’existait pas pour lui. Il avait honte d’appartenir au genre masculin.

Il rentrait en Belgique pour effectuer ses obligations militaires, après un long séjour en Corse où il avait rencontré son premier amour de jeunesse. Un amour très pur, main dans la main avec une jeune fille aussi innocente que lui. Un an et quelques mois où il ne s’est strictement rien passé sexuellement, car il ne connaissait rien à la sexualité, à sa propre sexualité. Main dans la main, c’était très bien. Il choisit le stop et trouva preneur très rapidement sur l’autoroute du sud. Les deux hommes ont sympathisé rapidement, et comme le chauffeur sexagénaire devait s’arrêter dans un hôtel pour la nuit, il proposa naturellement au jeune homme de l’y accompagner. Il était jeune, beau, bronzé, naïf et puceau. Fatigué, il accepta donc avec plaisir de profiter d’une bonne nuit de repos. Il se mit vite au lit et s’endormit rapidement.

Au petit matin, il lui sembla avoir vécu ce qui semblait être un rêve. Une main le touchait, lui procurant une sensation inconnue. C’était bon et intriguant. Il se réveilla en sursaut avec la sensation d’être sale, quelque chose qu’il ne connaissait pas coulait sur ses jambes. L’homme était assis, nu, près de lui, sans rien dire. Paniqué et honteux d’avoir salit les draps, il s’habilla et s’enfuit de l’hôtel avec l’idée que cet homme lui avait fait quelque chose de mal. Ce n’est que 15 ans plus tard, après son divorce et quelques séances chez un psy, qu’il se libéra de ce souvenir traumatisant. Il comprit que cet homme l’avait tout simplement caressé et masturbé, en voyant l’érection matinale d’un gland circoncis, un organe de plaisir, sensible et doux. Son intention était possiblement de le soulager. Mais pour cela, il aurait fallu qu’il lui explique, que quelqu’un lui dise ce qui devait arriver un jour.

Aujourd’hui, il arrive encore à Frans d’avoir du mal à cela, malgré la confiance qu’il a acquis au gré de ses rencontres. Mais il a réussi à dépasser ses craintes et ses doutes vis-à-vis des hommes, jusqu’à accepter de recevoir leur douceur*.

Erell

J’avais 9 ans. Depuis 2 ans déjà, je rentrais seule à la maison. Mais l’école n’était pas très loin, surtout depuis que nous avions déménagé dans la même rue. Je faisais souvent le chemin avec une copine qui habitait quelques numéros plus loin. On discutait parfois sous le porche du premier immeuble, séparé par une cour et des parcelles de jardins de celui où je vivais. Ce jour-là, nous étions un peu plus bavardes encore. Quand tout à coup, nous prenons conscience qu’il y a un homme dans la cour. Il a dû entendre notre conversation. C’est toujours désagréable de se faire prendre au dépourvu. Il me paraît vieux, presque l’aspect d’un clochard. Il est un peu caché dans le renfoncement de l’entrée de l’immeuble qui donne sur la cour. Il nous interpelle. Je m’approche tandis que ma copine reste pétrifiée sur place.

Je m’aperçois alors qu’il a son sexe dans sa main, son pantalon toujours en place. Naïvement, je me dis qu’il a envie d’uriner. Je me souviens que son vit était mou. Quand il nous demande de venir le toucher, nous refusons. Ma copine a très peur et insiste pour que je la raccompagne chez elle. Je m’exécute donc, sachant que moi je vais revenir seule et être obligée de passer devant lui pour rentrer chez moi. J’espère juste qu’il sera parti. Je ne me souviens pas d’avoir ressenti de la peur, juste une méfiance et surtout une grande prudence. D’autant que nous avions déjà pas mal traînée, et que je sais ma mère angoissée au moindre retard.

Quand je reviens, je fais mine de passer sans le regarder, tête haute, pas déterminés. Il me parle. Il veut que je vienne boire le lait… je me souviens en effet d’un liquide blanchâtre qui coulait de son gland. Après un léger instant de doute lié à mon innocence sur le sujet, je perçois instinctivement que ce n’est pas une proposition décente. Mais je ne comprends pas vraiment ce que c’est. Je refuse poliment et je passe mon chemin. De toutes façons, je n’aime plus le lait. J’ai toutefois conscience qu’il est préférable de ne pas raconter cet épisode à ma mère, à qui je me confie aisément par ailleurs. J’ai dû justifier mon retard en expliquant que j’avais accompagné Virginie jusqu’au bout de la rue.

Je n’en ai jamais parlé à mes parents. Je n’ai pas non plus ressenti de peur ou d’inquiétude, sauf pour ce qu’ils pourraient, eux, en penser. Comme si je risquais de me faire prendre la tête alors que tout allait bien pour moi. Je me sentais vaillante et forte. Je pensais à la réaction de ma copine que j’avais rassurée, mais que je ne comprenais pas vraiment. Pour moi, si je montrais des signes de faiblesse ou de peur, c’est là que le danger arriverait. Mais, les détails de cette histoire sont à jamais gravés dans mon cerveau, comme une forme de mémoire traumatique sans autre conséquence qu’une alerte de fonds.

Ma deuxième rencontre inopinée avec le sperme humain sera à l’âge de 16 ans, avec un boyfriend qui se frottait pas mal au cours d’un câlin habillé. Nous étions supposés dormir après une soirée animée, dans le studio de ma cousine, elle-même dans les bras de son copain. Pas de bruit, la discrétion s’imposait. Il a sorti son membre tout dur et me l’a mis dans la main. M’indiquant le mouvement que je découvrais, à nouveau sans trop savoir ce qui se passait. Il est resté silencieux, mais au bout d’un moment, il m’a fait arrêter. C’est seulement quand j’ai trouvé ma robe mouillée que j’ai compris qu’il avait éjaculé. Je me suis sentie sale. J’aurai préféré qu’on en parle, qu’il m’explique, que ce soit ludique. Je ne l’ai plus jamais revu.

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