APOLLINAIRE (Guillaume).
Lettre autographe signée « ton Gui », à « mon Lou » (Louise de Coligny-Châtillon). [Nîmes], 13 janvier 1915. 4 pp. in-folio, en-tête du Café Tortoni.
LETTRE ÉROTIQUE.
Engagé volontaire, Apollinaire avait rejoint en décembre 1914 le 38e Régiment de l’artillerie de campagne basé à Nîmes.
« …Il paraît que même si je réussis à devenir officier je ne partirai pas sur le front avant six mois peut-être huit… Qu’en penses-tu sérieusement et sans égoïsme, mon Lou ? Ecris-le moi. Aujourd’hui champ de tir. On nous a fait aller sur les arrière-trains comme servants et je t’assure qu’on est rudement mal sur ces arrière-trains. Maintenant, il paraît qu’on ne peut être officier dans le régiment où on a suivi le peloton. Si je pouvais aller à Nice ce serait épatant ! Mais je ne sais rien encore.Lou, encore une fois je veux que tu ne te fasses pas menotte trop souvent. Je vais être jaloux de ton doigt… Tu es merveilleusement jolie, je ne veux pas que tu te fanes en t’épuisant par les plaisirs solitaires. Je veux te revoir épatamment fraiche, sans quoi tu recevras des claques comme un écolier qui s’est branlé au lieu d’apprendre ses leçons. Quand on était au collège on faisait un trou à sa poche droite, on passait la main et on faisait ça pendant toute l’étude. Yeux cernés. Mais je ne veux pas qu’une grande fille comme toi qui a un cul superbe et qui a déjà fait cornard son mari se branle comme un petit garçon pas sage. Si tu fais ainsi, c’est le fouet que tu auras, ma gosse, le fouet pour te mater. Tu auras beau faire métalliser ton derrière, je te fesserai jusqu’au sang, de manière que tu ne puisses plus t’asseoir. Ton cul payera pour ton petit con, ma chérie…Je te désire éperdument. Je n’en puis plus. Je ne sais si on me donnera une permission pour Nice avant longtemps. Il me tarde que tu soies là. Si tu savais comme j’ai envie de faire l’amour, c’est inimaginable. C’est à chaque instant la tentation de Saint Antoine !Tes totos chéris, ton cul splendide, tes poils, ton trou de balle, l’intérieur si animé, si doux et si serré de ta petite sœur, je passe mon temps à penser à ça, à ta bouche, à tes narines. C’est un véritable supplice. C’est extraordinaire ce que je peux te désirer. Tu m’as fait oublier mes anciennes maîtresses à un point inimaginable. Pourtant elles étaient jolies. Je ne les vois plus que comme de la m…de. L’Anglaise qui était épatante, blonde comme la lune, des tétons épatants, gros et fermes et droits, qui bandaient dès qu’on les touchaient et la mettaient de suite en chaleur, un cul mirobolant énorme et une taille mince à ravir, elle n’est plus rien. Marie L. [aurencin] ravissamment faite, un des plus gros derrières du monde et que je transperçais avec un acre plaisir. Elle n’est pas plus que du crottin. Toi seule mon Lou adoré, ma chère captive, ma chère fouettée, toi seule existe. Mon Lou, je me souviens de notre 69 épatant à Grasse. Quand on se reverra on recommencera… Je t’embrasse, je t’aime, je t’adore, je te suce, je te baise, je t’encule, je te lèche, je te fais feuille de rose, boule de neige, tout tout tout absolument tout, mon adorée, je te prends toute. »
* Lettre publiée dans : Guillaume Apollinaire. Lettres à Lou. Préface et notes de Michel Décaudin, Paris, Gallimard, 1990, p. 102-104, n° 45.
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