Précoce, et alors ?

Témoignage de Fabrice, un modèle, quelques heures après la séance

“J’ai rendez-vous ce matin à 9h30 pour une séance de photo-thérapie. J’ai réussi à obtenir une séance de 2 heures dans un emploi du temps visiblement chargé. Qui se cache derrière Lady Erell ? J’ai bien ma petite idée… Elle m’ouvre la porte de son appartement avec un large sourire. C’est bien elle. Je rentre dans son salon improvisé en salle de shooting photographique. Je reconnais le canapé gris que l’on voit sur plusieurs photos des modèles qui m’ont précédés. Elle m’offre un thé, on discute. Elle sait me mettre à l’aise. Cette séance est l’aboutissement d’un travail d’acceptation de mon corps vieillissant et de la difficulté à me mettre nu en public : j’ai une petite bite…

Je me déshabille sans plus attendre, je suis là pour ça. Assis sur le canapé, première photo. La lumière naturelle joue sur mon corps, mon visage. Elle adore mes cheveux et poils blancs. Elle est directive, je me trompe deux ou trois fois. Elle rit souvent. D’un très beau rire communicatif. Elle essaye un nouvel objectif. Elle prend son pied. Je suis fier d’être le premier à travers ce nouvel instrument. Elle me montre un cliché réussi. Je change de pose. On rigole quand elle veut me faire essayer son chapeau trop petit pour ma grosse tête !

Puis, je m’allonge sur la table, recouverte d’un fond noir. Photos de détail sur mon torse. Les plis de ma peau font apparaître un cul : paréidolie corporelle ! Les deux heures sont vite passées, je ne sais combien de photos elle a prises : 60, 80, 100 ? On discute rapidement des conditions de publication. Je me rhabille, moi qui maintenant serait resté à poil.

Je l’enlace de mes grands bras en signe de remerciement. Cette séance a été au-delà de mes attentes. J’ai rencontré une personne rare. J’aimerais tant maintenant la revoir, mais c’est elle qui en décidera… Merci Lady Erell.”

Interlude

Fabrice est le premier modèle à venir à moi grâce à la page photo-thérapie du blog, que je viens de créer suite à la remarque d’un lecteur qui ne trouvait pas les informations au sujet des séances. Normal, je ne les avais pas encore écrites officiellement. Je suis donc touchée par sa démarche, comme souvent avec les premières fois pour moi. Il m’explique qu’il est complexé avec son corps depuis très longtemps, mais qu’il va mieux et qu’il espère que ça sera encore mieux après.

A ce moment-là, il ne me dit pas ce qui le complexe et je ne pose pas de question. Il ne me dit pas non plus qu’il a une boule au ventre et cela ne se voit pas, il a l’air assez à l’aise et confiant. Ce n’est qu’à la fin qu’il m’avouera être soulagé et se sentir bien, après avoir passé une bonne heure et demi entièrement nu devant mon objectif joueur et rieur. Mais, je reste interloquée par le fait que j’ai eu envie de faire des gros plans de son sexe, que je trouvais esthétique, mignon, ou je ne sais quoi encore, alors que cela n’était jamais arrivé. Parfois, mon regard se pose sur la nudité totale, sans raison de cacher les attributs, mais pas au point d’en faire le centre de mon attention. Alors quand j’ai lu son témoignage, j’ai forcément été interpellée par cette “coïncidence”.

En revanche, il m’annonce, comme s’il parlait de sa soirée de la veille, qu’il est éjaculateur précoce. Cette information ne m’est pas d’une grande utilité pour le cas présent, vous me direz. En effet ! Mais cela arrive souvent que les modèles se confient à moi au cours de la séance, parce qu’ils m’ont lu et qu’ils se sentent probablement autorisé à me parler de leur sexualité, après que je leur ai parlé de la mienne, même de manière indirecte. Cela ne me gêne pas, au contraire. J’apprécie sincèrement les témoignages que je reçois régulièrement, ainsi que les confidences intimes.

Aussi, comme je lui faisais remarquer qu’il avait de belles mains, nous échangeons quelques “banalités” sur sa dextérité à en faire usage pour contenter son épouse, et quelque part compenser sa précocité. Il avait auparavant parlé de handicap, moi je relève que c’est finalement un atout. En effet, il a été obligé de développer d’autres habilités, avec ce qui lui était disponible : langue, doigt, main… La banalité, elle se situe dans ma remarque amenant à faire une généralité : l’humain a cette capacité d’adaptation qui le met à la place qu’il occupe aujourd’hui sur la planète, malgré tous ses handicaps physiques.

J’ai pu constaté qu’un homme très “beau” sera souvent moins doué au lit qu’un plus “moche”. Les hommes m’ont plusieurs fois témoignés du côté froid et sans sensualité que pouvaient avoir certaines très “jolies” filles. Il en serait de même pour les hommes très bien lotis dans le pantalon, n’ayant alors aucun intérêt à chercher autre chose à faire qu’à fourrer leur belle queue. J’ai toujours dit que les meilleurs coups étaient souvent les moins “beaux” physiquement. Mais il existe aussi des exceptions, fort heureusement.

Mémoire d’un éjaculateur précoce, par Fabrice

“Difficile d’aborder ce sujet qui bien souvent est perçu comme une invalidité et qui pour certains est un tue l’amour. Comment garder sa virilité lorsque le plaisir se transforme en honte, honte de ne pas être à la hauteur des attentes de sa partenaire ? L’histoire d’un éjaculateur précoce, c’est un peu comme un roman, sauf qu’après l’introduction, on arrive tout de suite à la conclusion.

Pourtant, on peut avoir une sexualité épanouie, si on informe sa partenaire lors de la première fois, de faire durer les préliminaires. Encore un mot que je déteste, puisqu’il signifie qu’il y aura une suite et que l’on est qu’à l’entrée avant d’attaquer le plat de résistance. Sauf qu’en fait, on est déjà au dessert… Il faut donc, non pas se résigner, mais essayer de tirer parti de cet état de fait. Les caresses prennent alors tout leur sens. “Ce sont souvent de bons « cunnilingueurs »”, un peu comme un infirme qui va développer d’autres capacités pour surmonter son handicap. Pensez aux aveugles qui ont un doigté et une ouïe plus aiguisés…

Il faut convenir de code avec sa partenaire pour la prévenir de l’arrivée du sperme, c’est bien pratique lorsqu’on se retrouve en position 69 et qu’elle est occupée à vous sucer et que vous avez la bouche pleine … (une petite tape sur les fesses est une bonne idée !). Et puis, il ne faut pas oublier l’exploration du vagin, qui se fait avec les doigts ; et s’il faut aller plus en profondeur, il y a aujourd’hui une ribambelle de modèles de sextoys qui permettent toutes les fantaisies !

J’espère au travers de ces quelques lignes avoir rassuré les éjaculateurs précoces, qui se reconnaîtront peut-être au travers de mon expérience, et que les femmes, qui ont déjà été confrontées à ce sujet, pourront savoir tirer parti de cette particularité. L’homme qui est en face de vous (ou derrière !) n’a pas pris son pied en solitaire, à votre détriment ! s’il pouvait, il aurait continué. Mais l’intensité du plaisir fait qu’à un moment donné, il y a perte du contrôle, il n’y a plus de pilote dans l’avion !

Et puis, avec un peu de patience, il n’a tiré que sa première cartouche, et c’est alors le début d’un nouveau tour de piste… Il y a aussi l’espoir que ce “handicap” ne soit que passager. Il faut tester plusieurs méthodes pour tenter de retarder au maximum le point de non-retour : un travail sur la respiration, relaxation, masturbation contrôlée, et même l’hypnose, peut grandement faire augmenter le chrono du temps passé à l’intérieur.”

Précoce ? Et alors ?

Je n’en ai rencontré qu’un à ce jour, et nous avons partagé trois mois et quelques de nos vies sexuelles et sentimentales. C’est d’ailleurs à cause ou grâce à lui que j’ai bifurqué vers le polyamour, mais rien à voir avec le sujet qui nous intéresse ici. Et en effet, non seulement il passait des heures à me caresser, éveillant mon excitation à chaque passage de ses mains magiques, mais en plus il pouvait recommencer rapidement. Ce qui donnait en général : une heure de massage, caresses, trois aller-retour, une heure de caresses, quatre ou cinq aller-retour, et ainsi de suite.

Je me souviens d’un week-end (le premier et le dernier en fait) où nous avons fait l’amour au moins sept fois dans la même journée. J’entends “avec pénétration”. Comme cela durait très peu de temps, mais que j’étais très excitée, nous en profitions dès que le moment ou le lieu s’y prêtait. Nous avons ainsi exploré toutes les pièces et les coins de ma maison de campagne de l’époque. Et plus nous le faisions, et plus j’en avais envie, et plus je jouissais vite. Comme quoi, tout est une question d’adaptation, et d’écoute de son partenaire.

14 commentaires sur « Précoce, et alors ? »

  1. jolie récit et témoignage, devant une photographe on se libère plus pour x raison et si il y a un feeling et une ouverture d’esprit c’est plus facile. Hâte de poser devant votre objectif

    1. Et c’est incroyable après cette expérience comment j’ai évolué en une meilleure compréhension de moi, d’être complètement décomplexé et le plus incroyable, c’est des améliorations en terme de durer plus longtemps.

      1. C’est en effet incroyable ce que tu as pu débloqué après tant d’années de résignation quelque part ! Comme quoi, tout est possible !

  2. « L’histoire d’un éjaculateur précoce, c’est un peu comme un roman, sauf qu’après l’introduction, on arrive tout de suite à la conclusion ».

    Bonjour, j’apprécie l’espièglerie de la formule !

  3. Merci pour cette écriture à deux ( j’ai oublié de parler de très doigts qui s’enroulent autour de ta mèche de cheveux !) et les commentaires bienveillants. Je le réitère, une belle rencontre rare et précieuse.

  4. Merci infiniment pour cet « article » qui me parle intimement Érèll ! Rencontrer une personne comme toi serait un vrai bonheur…………
    Un beau dimanche à toi
    :* ❤ :*

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