Ce qu’il y a de génial dans les rencontres, c’est qu’on ne sait jamais à l’avance ce qu’elles vont devenir. Rencontres autour d’un thème, d’une activité liée à l’intime, que ce soit les ateliers de développement personnel, le libertinage, le shibari ou la photo. Avec eux, c’était sur Wyylde il y a deux ans déjà. C’est elle qui m’a contactée, ce qui est rare pour une fiche couple. Elle avait l’air de savoir ce qu’elle voulait, pas timide mais pas insistante non plus, pas “morte de faim”. J’ai tout de suite apprécié la qualité de nos échanges. Softs, coquins et intimes en même temps. Ce n’est sûrement pas un hasard si nous sommes devenus amis.
Nous avons assisté à la séance en avant-première du film My Body My Rules. Mais pas à la même heure. Nous nous sommes croisés sans nous voir, sans nous sentir. Incroyable. Et ils ont eu envie de jouer à nouveau avec les cordes. C’est toujours elle qui me contacte, soit pour savoir comment je vais et papoter de l’ordinaire, soit pour scénariser une de nos rencontres. Simple, pas de chichis. La première fois, ils m’ont déshabillée ensemble, mais n’ont pas réussi à se maîtriser pour le faire dans la lenteur. Le bal a commencé très vite, emportés tous trois par notre danse triangulaire.
Ce soir-là, je me suis déshabillée pour offrir mon corps à leurs quatre mains masseuses. J’avoue être une adepte du massage en apéritif. Le contact est direct mais asexuel au départ. Il met en confiance et permet de faire connaissance, peau à peau. A deux, la magie s’opère simplement entre les deux énergies. A trois, les sensations sont décuplées et perturbantes. Les mains n’ont pas le même toucher, la même température, la même couleur. Elle est plus douce, moins appuyées, ses mains sont plus fraîches et le sont restées malgré l’échauffement. J’aime sa poigne à lui, ses pressions, la chaleur de sa peau, l’étendue de son contact. Ils voyagent ensemble sur les différentes facettes de mon corps avec une complicité certaine. Et ils aiment ça.
Il a envie d’être à nouveau dans mes cordes. La première fois, il s’était vraiment laissé aller, les yeux fermés, complètement emportés par les sensations nouvelles qu’il découvrait. Une initiation qui fait du bien, dans le don et le recevoir. Nous étions restés longtemps allongés par terre, lui dans mes bras, dans la douce résolution de l’après tension. Cette fois, nous nous installons sur le lit et décidons de lui bander les yeux. Pour bien connaître cette expérience, la différence avec le simple fait d’avoir les yeux fermés est remarquable. Il n’est plus question de choix. Il est question de lâcher prise et de faire confiance à un degré supérieur, qui s’ajoute à l’attachement. Je l’y ai donc invité tendrement.
J’aime sentir l’abandon à chaque passage de cordes, que je fais glisser de sorte qu’elles touchent le plus de zones corporelles. De sorte qu’elles le caressent, le fassent frissonner même, tout en veillant à la fermeté qui est de mise. A mes yeux, la corde est un outil incroyablement fort pour atteindre l’équilibre entre douceur et contrainte dans un toucher sensuel. En dehors de la suspension, je n’utilise pas réellement les techniques de bondage que j’ai pu apprendre à la Place des Cordes il y a 3 ans. J’improvise le passage de mes cordes selon l’humeur du moment, la position adoptée au départ, la forme du corps disposé entre mes mains. Je glisse mes doigts pour vérifier les tensions, entre la peau et la corde, j’aime ce contact. Je sens le souffle de mon modèle s’apaiser, je perçois ses légers frémissements qui me confirment que tout va bien. Je demande toujours confirmation au cours de la séance, par un chuchotement au creux de l’oreille pour ne pas déranger.
Une fois ligoté à ma merci, j’aime parcourir le corps de ma “victime” du bout de mes doigts sous forme de caresses, puis de mes ongles, déclenchant des sensations propres à chacun. J’accentue ou je freine, selon la sensibilité que je perçois, toujours à l’écoute de mon partenaire de jeux. Il me reste une corde que je plie de sorte à en faire un petit fouet improvisé, que je manie par frôlement comme une initiation à d’autres niveaux de plaisir probablement inconnu de mon apprenti soumis. Mon nouveau jouet explore les zones disponibles : le flanc, les jambes, les pieds aussi. Parfois le sexe s’il est accessible. J’ai au préalable passé mes cordes autour, prenant soin de les placer à l’entre-cuisses, de chaque côté en cette zone si sensible qu’on oublie souvent. Procurant possiblement une angoisse de frôler les précieuses de Monsieur, sans les rendre douloureuses. Tout un challenge, réussi de ce qu’il m’a dit après la séance.
L’aftercare est une étape indispensable entre mon partenaire de shibari et moi. Que je sois rigger ou modèle. Aussi importante que l’échange au préalable où je m’enquière des zones qui ont été blessées ou qui sont douloureuses, où j’explique les sensations qui ne sont, à mon sens, pas “normales” et les contrôles qui doivent être fait par le modèle afin de vérifier qu’une corde n’est pas mal placée. Je l’ai invitée, elle, à le détacher, pour qu’elle sente le cheminement des entrelacements de cordes, le parcours. Une fois libéré, j’ai ouvert le dialogue pour connaître son ressenti, ce qu’il a aimé, et moins. Les retours sont positifs et elle a envie de se lancer, puisqu’il aime ça. Une découverte qui déclenche une envie d’apprendre, j’adore passer le relais de mes sexplorations. Bientôt, c’est elle qui m’attachera. Quel échange ! Elle en a fini de lui, le libérant également de sa substance séminale, et il s’est endormi comme souvent après l’amour.
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