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Une initiation en miroir

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Jeux de mains

Le même mois, le même jour à quatre près, la même région, la même situation amoureuse, la même configuration pratique, le même côté novice, la même complicité : à quatre ans d’intervalle. Comment ne pas faire le parallèle ? Je ne m’en rends compte qu’après coup bien sûr, cela n’a rien de quelque chose d’anticipé ni de volontaire. C’est un simple constat sur lequel j’ai envie de faire un éclairage qui fout le bordel dans mon cerveau. Je suis une intellectuelle qui a besoin de comprendre le sens, voire de trouver un sens à ce qui m’arrive. Il s’agit de faire entrer le jeu dans une relation nouvelle dont la destinée peut être plus surprenante qu’elle n’en a l’air au départ.

Le contexte

Nous sommes en décembre, le dernier week-end de l’année avant les fêtes. C’est une période où j’aime partir, pour sortir de la léthargie dans laquelle l’hiver me plonge généralement (envie d’hiberner dans ma caverne en attendant le renouveau du printemps). C’est notre premier week-end en amoureux (2014), notre deuxième (2018). J’entends en dehors de chez nous, de notre quotidien et dans un endroit que l’on souhaite beau. J’entends un moment qui ne va être qu’à nous pour plus ou moins 48 heures, une sorte de huit clos révélateur de notre capacité à se supporter à l’extérieur et sur la durée. En effet, on ne peut pas dire que l’on découvre vraiment l’autre tant qu’on ne passe avec lui que des soirées/nuits à se faire du bien. C’est bon mais ça n’est pas la vraie vie non plus. Ok, un week-end en amoureux non plus ce n’est pas la vraie vie, mais dans un début de relation, je trouve cette expérience plutôt révélatrice. Pourra-t-on se supporter plus de 3 heures et une nuit ?

La même région, parce que c’est pratique le côté ouest de Paris. On y est en quelques heures, juste le temps d’échanger des idées ou de la musique ou des silences. Parce qu’il y a aussi beaucoup moins de monde à cette période de l’année, et que j’aime la mer en hiver. C’est aussi l’occasion de manger des “fruits de la mer” a priori de qualité (les bulots de 2018 sont mémorables). En 2014, c’est moi qui ait choisi l’endroit pour y avoir été auparavant pour un autre week-end thalasso avec une amie, et pas très loin de Honfleur que j’aime beaucoup. Cette année, c’est lui qui choisit la destination, n’ayant pas compris mes doléances pour Berk, et réserve dans un très vieil hôtel en plein centre d’Etretat. Il a peut-être perçu que j’aimais les vieilles pierres et le bois, en rapport avec le premier endroit que je nous avais choisi quatre semaines plus tôt.

Cela fait donc à peine un mois et demi que nous nous fréquentons. Une histoire de peau avant tout, mêlée à un fort attrait intellectuel. Une attirance que je n’explique pas, justement. Nous en sommes encore à la découverte. Nous avons passé les étapes du premier baiser, de la première nuit, de l’envie de recommencer encore et encore. Nous avons entamé les configurations classiques, avec plus ou moins de fluidité, bien que la subjectivité joue un rôle important dans cette approche. En 2014, je suis surprise de découvrir un homme beaucoup plus expérimenté qu’il n’y paraît. En 2018, c’est l’inverse ! Totalement l’inverse. En quatre ans, je constate donc que je suis passée de la femme novice et presque innocente et crédule, à une sorte de femme-guide hyper sexuelle (d’après son regard actuel), qui a presque oublié ce qu’est la norme s’il en est une.

Le scénario de départ

En 2014, il n’y en a pas. Pour moi, il ne s’agit que d’un week-end en amoureux où l’enjeu pour moi est de découvrir notre résistance au temps, en tant que couple. Une sorte d’étape symbolique à franchir pour construire les bases d’une relation durable. Par antinomie, je n’ai jamais eu envie de partir en week-end en tête à tête avec mon amireux. Les rares fois où cela nous est arrivé, nous n’étions jamais seuls. Mais, c’était faire fi d’un détail. Je lui ai glissé subtilement qu’il pourrait parfois m’attacher les mains. J’adore la contrainte douce, je le sais et cela me manque. S’en est suivi une longue discussion que je ne comprends pas sur le moment, où il me fait une sorte de leçon sentimentale, comme quoi il ne faudrait pas que notre relation ne tourne qu’autour de ses pratiques, etc… Son insistance à ce sujet m’étonne. Après tout, je n’ai parlé que de passer un lien autour de mes poignets, et ma pensée n’allait pas au-delà. Je suis alors loin d’imaginer qu’en vérité j’ai affaire à un Maître expérimenté et très créatif.

En 2018, le contexte est différent. Il sait que je domine, au point d’avoir compris que je n’étais pas du tout soumise. Après tout c’est normal, quand il découvre le blog, je n’ai pas beaucoup écrit sur mon côté soumise* contrairement à mes expériences de domination récentes qui font donc mon actualité. Pour autant, il joue à m’appeler régulièrement “Madame”, une sorte d’humour que je ne comprends pas du tout et qui a bien failli me faire fuir définitivement. Je suis plutôt très premier degré, ou alors quinzième, mais entre les deux j’avoue que je me perds souvent dans l’analyse. J’ai donc cru à mon tour qu’il était plutôt soumis, et que c’est une des zones d’expérimentation qui l’intéressait chez moi. Pas du tout ! Et il semble d’ailleurs très contrôlant. Toutefois, alors qu’il joue à nouveau à me répondre “D’accord Chef, bien Chef”, je le prends au jeu et entame un échange sur ce ton :
– Bien Monsieur. Vous passerez dans mon bureau à l’occasion…
– Nan
– Vous oseriez me contredire ?
– Plutôt deux fois qu’une
– Vous ne perdez rien pour attendre, insolent que vous êtes !
– Pour la fessée, ne rêve pas quand même
– Hmm, j’ai d’autres sévices en tête
– Bon là je vais me barrer en courant !!
– Je pense que rien que t’empêcher de me toucher en te ligotant les mains pendant que je m’occupe de toi peut être largement plus difficile que tout ce que tu peux imaginer
– No doubt ! Lors de la prochaine séance de TP* ?
– Oui ! Reste à savoir quand elle aura lieu !?
– ASAP

Yes ! C’est parti ! J’ai son feu vert pour commencer à jouer. Je ne manquerai pas la première occasion qui se présente pour le priver d’un de ses sens. Et comme je sens qu’il est vraiment novice, alors que je n’ai encore aucune information (il ne me dit rien, veut découvrir sans avoir à dire – comme c’est difficile pour moi -), j’envisage quand même de lui demander auparavant duquel il préfère être privé : toucher, vue, ouïe. La séance de TP*, c’est unique entre nous, née d’une réelle difficulté que nous avons surmontée à deux (notre première difficulté), grâce à ce que j’ai appelé *“les travaux pratiques”.

La séance

Une chambre d’hôtel, après un dîner tout ce qu’il y a de plus conventionnel. Tout va bien, ni l’un ni l’autre ne savons à ce moment précis que la réalité va bientôt basculer dans un jeu. Il a forcément prévu son scénario et quelques accessoires, sans rien me dire ; tout comme j’ai anticipé d’amener quelques foulards dans mon sac à dos. Je n’ai pas osé prendre mes cordes, pas tout de suite. Il me propose de profiter de la baignoire balnéo qu’il espère à mon goût. Râté ! Je trouve ça particulièrement peu pratique et inintéressant de prendre un bain dans un espace trop petit pour que les deux soient suffisamment à l’aise. En revanche, je mentionne l’intérêt des jacuzzis naturistes… (j’arrose la graine déjà semée…). Je me conditionne dans mon rôle de dominante, et lui ordonne un peu sèchement de se mettre entièrement nu. Il n’est pas d’un naturel obéissant, il faut que ça vienne de lui… il me faut donc le mettre en confiance et le détendre.

Allongés tendrement sur le lit alors que j’imagine que nous allons faire l’amour, et alors que je réponds à une question qu’il me pose de manière anodine, il m’interroge d’une autre voix : “Oui qui ?”. Mon cerveau ne fait qu’un tour ! Bien sûr, j’ai lu “50 nuances de Grey” que j’ai trouvé fadasse mise à part les vraies scènes torrides, et encore… Je comprends immédiatement qu’il faut que je me soumette, au ton de sa voix, à son attitude ferme et bienveillante à la fois. J’hésite… les mots ne sortent pas aisément… que va-t-il se passer ? Puis-je lui faire confiance alors que nous n’avons parlé de rien ? Je finis par répondre un timide “Oui Maître…”. Le jeu a démarré à cet instant précis, pour se finir quelques heures plus tard, au cours desquelles je vais vivre une sorte d’initiation assez complète à une panoplie de pratiques BDSM.

Comme au cours de notre première séance de travaux pratiques, c’est le fait de le détourner de ses pensées angoissantes qui l’a aidé à se détendre, ou plutôt à rester tendu… Je m’apprête à mettre de la musique (ce que je fais régulièrement pour les massages et autres séances de shibari) et ma playlist “frissons” en mode aléatoire choisit “Céleste – Damien Saez”. C’est alors que me vient l’idée de lui mettre mes AirPod dans les oreilles, juste le temps de le ligoter aux quatre coins du lit à baldaquin (c’est une chance qu’il y en ait un, cela va me faciliter la tâche), sans qu’il puisse trop y penser. Il n’a finalement pas voulu choisir, me laissant le faire pour lui (il est joueur). Au préalable, je ne savais pas encore si j’allais juste lui attacher les mains entre elles. Mais je le devine peu discipliné et préfère jouer la carte de la prudence en faisant de lui une croix de St-André.

Il commence naturellement par me contraindre en me ligotant les mains avec ce qu’il a sous la main, après m’avoir bandé les yeux. Il me touche de ses mains fermes, me guide de sa voix transformée, plus grave, plus sèche aussi. J’aime qu’il devienne un autre pour m’aider à devenir, à mon tour, une autre. Je ne dis rien, je ne pose aucune question, je garde mon self-control. J’écoute attentivement, tenant absolument à ne pas le décevoir. Privée de mes yeux, mes autres sens sont instantanément plus réceptifs et sensibles. C’est assez magique comme effet. Il prend son temps pour tester ma résistance à la douleur, ne me connaissant pas encore moi-même dans ce domaine. Toutefois, je ne me sens pas encore à sa merci, je perçois en moi beaucoup d’appréhension. Il se doit de me mettre en confiance pour que je me livre entièrement à lui.

Il ne dit rien et ne semble pas vraiment nerveux, plutôt disposé à se laisser guider. Il sent peut-être intuitivement que cela pourrait me refroidir grandement s’il ne le faisait pas alors qu’il en a exprimé son envie. Je m’apprête donc à réveiller ses sens dans un long contact peau à peau, sans qu’il puisse en prendre le contrôle. Je parcours alors l’entièreté de son corps avec le mien. Avec mes mains d’abord, très lentement puisqu’il aime la douceur. Je n’oublie ni les pieds, ni les oreilles. Bien sûr, il tente quelques mouvements de sa tête pour m’embrasser, que j’esquive de mon mieux. Il n’est pas long à ne plus en pouvoir, je prends donc un malin plaisir à lui résister, bloquant doucement mais fermement sa tête quand il s’en défend. Je lui dévore le cou avec gourmandise, une partie que j’affectionne particulièrement chez lui.

Je n’ai le souvenir que des pratiques qui ne m’ont pas transcendées. J’ai donc confirmé que j’aimais la contrainte, même très contrainte, mais pas du tout l’humiliation. Me retrouver à marcher à quatre pattes pour obéir aux ordres d’un Maître en qualité d’animal ou de je ne sais quoi, non merci, très peu pour moi. Pour le reste, j’ai beaucoup aimé être guidée, à l’écoute de ses ordres en imaginant en vain ce qui allait m’arriver. J’aime aussi être surprise, et ne pas avoir à penser. Sur le plan de la douleur, il a dû y aller progressivement, car je n’en ai aucun souvenir. Il a forcément tenté le pince-téton ou le tirage de cheveux dès la première séance. Ce qui est sûre, c’est que je les supporte mal. Pour le reste, je n’ai eu aucun problème et j’ai agréablement constaté que le sexe direct ne faisait pas partie du jeu. Nous avons librement débriefer de tout cela après, quand il a levé la séance par un “A bientôt !”. Je venais donc de découvrir celui qui deviendra mon Maître inégalé à ce jour.

Je ne suis pas si dure que cela, je lui présente certaines parties de mon corps à mettre sous sa langue, dans sa bouche. Il en profite autant qu’il peut, puisqu’il ne sait pas pour combien de temps il en a. J’alterne donc mes actions avec ce que je lui laisse faire, à mon rythme. J’aime l’idée de faire grandir sa frustration, et je compte bien faire durer le “plaisir” le plus longtemps possible. Une heure, deux heures. Son baromètre masculin m’indique aisément quand il aime ou quand il est décontenancé. Je reste attentive à la moindre de ses manifestations. Il ose enfin utiliser les mots (je ne l’en ai pas privé), et demande, demande encore un baiser, une mise en bouche, un contact. Je prends beaucoup de plaisir à l’écouter, le faire patienter mais pas trop. J’entre parfois en transe de corps à corps, essayant de l’emporter dans mes passions corporelles. Je le sens me suivre, timidement mais sûrement. Un bon début qu’il ne me laissera pas finir. Je le délivre après deux bonnes heures de contrainte, dans un état d’excitation qu’il contiendra pour accéder à mon plaisir… comme souvent.

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