Je découvre cet article dans Le Monde « Clitoridiennes de tous les pays, unissez-vous ! », qui explique en gros que la grande majorité des femmes sont clitoridiennes, et que celles qui disent jouir avec une pénétration vaginale sont souvent des simulatrices. Enfin, de ce que j’ai retenu. Ce sujet m’interpelle, et me rappelle cet atelier d’Elisende Coladan, sexothérapeute et féministe, où il était question du clitoris, son histoire et surtout l’ignorance voire la négation qui ont entourés son existence pendant longtemps. Aujourd’hui, on sait à quoi il ressemble vraiment avec sa partie submergée, comme un iceberg en somme. On le représente même en 3D, avec les nouvelles imprimantes. Je vous aurais bien montré le mien, mais il s’est cassé dans mon sac à mains où je l’emmenais partout avec moi !
Mon clitoris et moi, nous avons fait connaissance réellement il y a moins de 7 ans. Je l’évoquais rapidement dans un épisode précédent : « J’apprends alors très vite à me masturber, ce qui ne m’avait jamais semblé nécessaire jusqu’à présent.». A l’époque, je me définis comme vaginale, multi-jouisseuse même, par pénétration. Parce que j’y arrive très vite, voire même dès la première pénétration, et de manière répétée. Il a pu m’arriver de stopper un coït trop long par lassitude de jouissance : « Stop ! j’en ai marre de jouir ! ».
En revanche, mes jouissances clitoridiennes, bien que plus puissantes, sont beaucoup plus longues et « difficiles » à obtenir. Elles ne m’étaient procurées que par mes partenaires, plus ou moins doués, il faut bien l’avouer. En fait, tout était question d’apprentissage et de temps, et au bout d’un moment, ils savaient comment s’y prendre pour me faire décoller avec leur langue. N’étant pas contorsionniste, je n’ai jamais eu envie de me procurer ce plaisir seule. Et avec les doigts, c’était trop irritant. Et puis mon plaisir passe beaucoup par celui de l’autre, ma jouissance est dans le partage, dans l’offrande. Depuis, j’ai aussi remarqué que les « bons » cunnilingus pour moi étaient ceux faits par les partenaires qui aiment vraiment ça. Alors, comme je n’ai pas eu la chance d’en rencontrer beaucoup, quand l’exercice était trop long et fatiguant, j’utilisais des images qui ne manquaient pas de me faire décoller en quelques minutes.
Sur la fréquence, je sais certaines femmes être multi-jouisseuses avec leur bouton. Pour moi, c’est mission impossible. Une fois l’orgasme atteint, aucune chance de le faire repartir avant un bon moment. Enfin, ça c’était avant. Mon clitoris et moi, nous avons découvert tant de nouvelles possibilités d’avoir du plaisir depuis notre première fois à deux. Enfin, à trois si j’inclue mon cerveau, car quand je suis seule à m’occuper de lui, c’est mon imagination qui prend le relais. Je fantasme sur une langue inconnue, un lieu insolite, des regards indiscrets, une pluralité de spectateurs ou une femme tout simplement. Le soir de notre première fois, confortablement installée à écouter une musique sensuellement stimulante, j’ai dû mettre une vingtaine de minutes à atteindre l’orgasme avec mes doigts. Une main sur le bouton, l’autre sur les lèvres et à l’entrée de ma caverne. Je me souviens avoir trouvé ça long et en même temps, cette joie inexprimable de pouvoir me procurer ce plaisir seule. J’en ai pleuré… « l’indépendance ! », me suis-je dit.
Quoiqu’il en soit, ce n’est pas devenu une pratique si fréquente que cela. En cas de manque, d’excitation intense et d’insomnie aussi (l’endorphine qui se libère est très efficace), je dirai deux ou trois fois par mois. Et puis, j’ai commencé à pratiquer avec un partenaire, à me masturber pendant la pénétration, avec gêne au début car c’est un geste très intime pour moi. J’y ai pris goût petit à petit, ne me sentant pas toujours libre de le faire, c’est devenu progressivement une habitude. Aussi, parce qu’un partenaire un peu particulier a inversé l’ordre normal des choses : il lui arrivait de finir par le cunnilingus après qu’il ait éjaculé. Une idée extraordinaire qui a eu le bénéfice de révéler la puissance de ma jouissance clitoridienne. Et oui, jusque-là le cunnilingus, c’était un « préliminaire » ! ça servait à m’exciter pour recevoir la pénétration, et il est vrai que j’aimais cela. Mais quand j’ai découvert la possibilité de finir le coït par cet orgasme, ce fût une révélation. Je pouvais enfin profiter pleinement du bien-être libéré, jamais égalé lors d’une jouissance vaginale. Aujourd’hui, forte de mon expérience, je me procure ce plaisir au cours de la pénétration, ce qui est d’une intensité extraordinaire. Et presque systématiquement. Ce qui est aussi bien pratique pour atteindre un orgasme simultané avec celui de mon partenaire.
Quant à la multi-jouissance clitoridienne, elle évolue de la rareté à l’ordre du possible. Durant ces dernières années d’exploration sexuelle, je me souviens avoir pu jouir deux fois à une heure d’intervalle avec une langue particulièrement gourmande, avec deux ou trois partenaires seulement et à deux ou trois occasions. Pas plus. J’ai retrouvé aussi une note d’octobre 2015 qui disait : « aujourd’hui et pour la première fois, j’ai joui du clitoris avec mes doigts après un sexe très fort avec C., et j’ai éjaculé en même temps. J’ai joui une deuxième fois sans éjaculer juste après. Il me stimule la zone dans le vagin et en général ça me fait jouir. Je n’ai jamais réussi à me faire jouir deux fois mais je sentais que ça devenait possible ». Pratiquement deux ans plus tard, je me surprends à jouir deux fois de suite en l’espace de 15 minutes devant cette vidéo découverte par curiosité… Maintenant, je sais que c’est possible.
Quant à procurer moi-même ce plaisir à une femme, j’explore et je me sers de ma gourmandise. Tout est relatif, il n’y a à priori pas de recette miracle. Chaque femme est différente, chaque sexe aussi. J’adore sentir la montée et l’explosion quand elles s’expriment. Cela me rend dingue, comme si je jouissais moi-même d’une certaine façon. Une autre forme de cérébralité.
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https://www.conseil-sexualites-elisende.com/
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