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Perpétuels coups de foudre

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Lady Érèll et la police

Je savais déjà à l’époque que tu ne serais pas le seul. Comme un pressentiment que la vie me réservait bien des surprises. J’avais 15 ans, 1989, et je tombais amoureuse pour la première fois. De ce que l’on appelle un coup de foudre. Ces images ne m’ont jamais quittées. Nous étions invités à une Bar-mitzvah, celle d’un enfant que ma mère avait élevé de trois mois à trois ans. En pleine adolescence, je n’étais déjà pas très friande de ces fêtes où je ne connaissais personne. Aller vers les autres… je me sentais si différente. Tellement difficile pour moi de trouver une accroche. Quoi dire ? Puis, tu es apparu parmi la multitude d’enfants présents. Et je n’ai plus réussi à te quitter du regard. Pour ta plastique d’abord, et très vite pour ce quelque chose qui se dégageait de toi, de l’ordre de l’intriguant pour moi.

J’avais 15 ans, 1989, et je tombais amoureuse pour la première fois.

Au-delà de l’aspect physique, c’est ton intérieur qui m’a le plus touchée. Une noirceur, une souffrance, une intelligence. Toi non plus, tu n’étais pas comme les autres. Je me souviens de nos échanges épistolaires, pour les avoir relues bien des années après, plusieurs fois, les larmes coulant sans pudeur sur mes joues. Nous aimions les livres, les mots, les lettres. A l’époque, j’entretenais plusieurs correspondances, principalement avec des amies. J’aimais le temps qu’il fallait prendre pour écrire, proprement et sans faute, et aussi le temps pour recevoir la réponse. Cela prenait l’espace. Plusieurs semaines, plusieurs mois parfois. Nous n’avions que le courrier et le téléphone fixe, les cabines téléphoniques, et peu de liberté pour les rencontres physiques.

Nous avons dû attendre quelques mois pour nous revoir, une douce impatience. Mon parrain, complice, avait accepté de nous accompagner à la Foire du Trône. Une couverture assez éloignée de nos tempéraments. C’est resté platonique. Peut-être un baiser furtif. Rien de plus. Quand nous avons pu enfin passer une après-midi ensemble, je savais que tu n’irais pas plus loin que des caresses. Tu me trouvais encore trop jeune pour me dépuceler. On en avait parlé librement. Tu étais d’un an et demi mon ainé et souhaitais me respecter. L’odeur de nos sueurs, en cette journée de printemps passée au soleil sur les bords de la Marne, me poursuit toujours. J’ai respiré des heures suivants le caraco qui avait tout conservé.

L’odeur de nos sueurs me poursuit toujours.

Et puis, tu as choisi de mettre de la distance, disant que c’était trop compliqué à gérer pour toi. J’ai eu mal. Ma première douleur amoureuse, de celle qui te transperce la chair. J’ai lâché, suis revenue, suis repartie. J’ai espéré, me suis accrochée pendant des mois. Parfois je renonçais, tournais la page. Tu as rencontré une autre fille. Pendant que tu étais dingue d’elle, j’étais toujours folle de toi. Nous sommes devenus amis, confidents aussi. J’ai rencontré mon premier amant amoureux, presque par dépit. Il fallait bien passer à autre chose. Comment peut-on être déjà autant tiraillé à cet âge-là ?

Tu étais malheureux. Avec elle aussi. Nous en parlions longuement, à messe basse. Tu avais décidé de mettre fin à tout cela, tu avais déjà essayé. Moi, je croyais aux âmes, cela ne me faisait pas peur. A l’écoute, je te prêtais mon cœur et mon oreille, assis dans le jardin de mes parents. Je me sentais impuissante et surtout extérieure à ce qui se passait en toi. Le jour où j’ai appelé chez toi pour prendre de tes nouvelles, ton père m’a annoncé que tu avais « fait le con », tu les avais laissés. Bien que cela fasse déjà quinze jours, je me suis mise au piano et j’ai joué pendant des heures et des heures, inhabituelle pour moi.  Comme pour t’accompagner. Tu venais d’avoir 18 ans.

Tu avais décidé de mettre fin à tout cela, tu avais déjà essayé.

Je ne suis pas allée à l’enterrement, j’ai toujours trouvé cela inutile. Mais j’ai dû répondre aux questions des enquêteurs, ayant laissé des traces de ton dessein dans mes lettres. Non-assistance à personne en danger, ont-ils dit. Sans suite. C’était difficile de savoir que d’autres que toi les avaient lues. Les lettres sont si intimes. Elles ne sont destinées qu’à toi, et elles ne viennent que de moi. J’ai mis très longtemps à ne pas pleurer quand tu visitais mes pensées. Mais je savais ton choix réfléchi. Ce n’était pas un coup de tête. Nous avions parlé de signes de l’au-delà. Je n’en ai jamais senti et en même temps, j’ai souvent l’impression que mes êtres chers disparus veillent sur moi.

Il m’est arrivé de relire tes mots, dans des moments de forte tristesse et de me sentir toujours en fusion avec toi. De revoir les quelques photos que j’avais découpées pour mon journal intime. Tout cela est bien calé à l’intérieur de moi, au chaud, pour toujours. Car si j’aime un jour, j’aime toujours. Nos points d’accroche étaient cérébraux bien avant d’être physiques. Rien n’a changé visiblement. Mes coups de foudre sont toujours cérébraux, intellectuels, spirituels.

Post-scriptum : Alors que je finalisais ce texte, j’ai reçu un sms d’un « David ». Signe pour moi qu’il faut juste savoir les écouter, les signes. A toi, David, toujours là. Je fonds en larmes d’émotion.

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