« On va switcher, sur une étoile ou sur un oreiller »

Voilà ce que j’annonce hier soir sur les réseaux sociaux avant de m’apprêter à sortir retrouver un nouveau « Maître » : « On va switcher, sur une étoile ou sur un oreiller !». Une petite pointe d’humour en clin d’œil à une situation que j’attends depuis maintenant deux bonnes années. Switcher : inverser les rôles, basculer d’un côté et de l’autre. Explorer le Yin et le Yang, visiter le passif et l’actif, le contrôle par la domination et le lâcher-prise par la soumission. Je suis switche, sur tous les plans finalement : le genre, la sexualité, le jeu.

Moi soumise ?

Je n’aurai pas mis un billet là-dessus il y a encore quatre ans. Un pseudo maître qui avait un beau profil de macho m’avait dit au cours d’un premier (et dernier) verre, que j’étais une soumise qui s’ignorait derrière mes aires de dominatrice. Je n’étais pas Domina non plus à l’époque, qu’on se le dise. J’affirmais juste mon caractère masculin bien trempé, la force du Yang que j’assume clairement aujourd’hui. Il est évident que ça a toujours été efficace pour les faire fuir, les machos. Je ne vois pas pourquoi le masculin l’emporterai sur le féminin, et inversement.

La soumission est entrée dans ma vie par la porte de secours, sans prévenir et sans préméditation. Du moins, de mon côté. L’homme qui va me guider dans cet apprentissage ne paie pas de mine au premier coup d’œil. Rencontré via les réseaux sociaux, j’ai même plutôt l’image d’un garçon très prude. Impression vite démentie par son attitude, et ses gestes démonstratifs d’une poigne déterminée. Dès notre première fois, quand il m’a plaqué fermement contre le mur, j’ai senti instinctivement qu’il allait me guider vers une zone encore inconnue. Mon imaginaire n’avait pourtant pas tout perçu.

Codes sans contrat

Après quelques ébats qui m’allaient à ravir, je lui glisse subtilement qu’il pourrait parfois m’attacher les mains. J’adore la contrainte douce, je le sais et cela me manque. S’ensuit une longue discussion que je ne comprends pas sur le moment, où il me fait une sorte de leçon sentimentale, comme quoi il ne faudrait pas que notre relation ne tourne qu’autour de ses pratiques, etc… Son insistance à ce sujet m’étonne. Après tout, je n’ai parlé que de passer un lien autour de mes poignets, et ma pensée n’allait pas au-delà. Je suis alors loin d’imaginer qu’en vérité j’ai affaire à un Maître expérimenté et très créatif.

Nos jeux ont débuté rapidement. De vraies séances préparées et improvisées, qui pouvaient surgir à tout moment. Mon Maître avait une imagination débordante et savait se suffire de ce qui était à sa disposition en toutes circonstances pour transformer un petit week-end en amoureux en une explosion de découvertes sensorielles intenses. Nous avions nos codes, sans pour autant avoir instaurer un vrai contrat. Un signe m’indiquait le commencement de la partie, un autre sa fin. Entre les deux, il changeait de voix et d’attitude, de sorte que je ne pouvais le confondre avec mon amoureux.

Un jeu de rôles

Les rapports sexuels directs et les débriefings obligatoires se faisaient toujours après la séance et avec l’homme que j’aimais. Ainsi, je pouvais très nettement entrer dans mon rôle de soumise, devenir cette femme docile et fière, obéissante et endurante, qu’il semblait aimer découvrir en même temps que moi-même. Il ne pouvait y avoir de confusion, le jeu était bien cadré, car la soumission permanente était bien sûr inenvisageable. Je n’appartiens qu’à moi-même, cela va de soi.

Comme à chaque fois que je découvre un truc nouveau, je me documente. J’ai donc lu très rapidement « L’art de se soumettre », de Dossie Easton et Janet Hardy. Presque ennuyeux, mais instructif. J’ai toutefois été beaucoup plus passionnée par « L’art de dominer », des mêmes auteures. L’un de va pas sans l’autre, pour qui pratique. J’ai pris des notes, essayant de saisir l’intérêt psychologique et en termes de développement personnel de ces jeux. Il devenait évident que la domination purement sexuelle n’avait aucun intérêt pour moi.

Encore aujourd’hui, le devoir d’être belle et digne pour la fierté du Maître est ce qui m’aide le plus à faire grandir mon estime de moi. J’ai donc été très surprise quand vous m’avez demandé, Monsieur, de baisser la tête et les yeux en permanence, et de ne soutenir votre regard que lorsque vous me le demandez. Surprise mais stable, car à l’intérieur de moi, je me suis nourrie de cette joie de vous honorer par ma prestance, et vos compliments m’y ont encouragés.

Le Clair Obscur

Lieu de notre première rencontre quatre jours plus tôt, nous décidons d’y retourner en inversant les rôles. Ce soir-là, j’avais osé pour la première fois faire de mon gode ceinture en harnais un accessoire de tenue. Agrémenté d’une guêpière et d’une jupe à lanières, sa présence a été très remarquée lors de ma parade dans les ruelles commerçantes du Village naturiste du Cap d’Agde. Je suis accompagné d’un complice tout à fait novice, que je vais initier par plaisir de la sexploration.

Je venais à peine de le détacher de la croix de Saint-André que vous êtes venus poliment me demander un fist-fucking. J’avoue avoir été prise au dépourvu, tout en acceptant rapidement. Quand même, je connais cette pratique pour l’avoir réalisée une fois réellement, mais pas en public ! Néanmoins, c’est votre envie, et je me laisse embarquer. Ce n’est pas tous les jours qu’une telle occasion se présente à moi. Difficile exercice donc, sans vous connaître, ni votre résistance, ni votre sensibilité. J’ai ouvert tous mes sens à l’écoute de vos expressions, et vous avez été expressif !

J’en ai oublié le public, les circonstances, mon partenaire livré à lui-même, toute focalisée que j’étais sur la justesse de mes gestes et la transe dans laquelle cela me transportait. Je n’en revenais pas d’avoir ma main jusqu’au poignet dans l’intimité d’un inconnu, vous Monsieur, dont le don de soi m’a particulièrement touché. Je vous ai fouetté aussi, doigté, godé. Mes mains n’ont pas oublié de vous caresser, mon corps de vous envelopper parfois. Vous sembliez ravie de notre séance, et le témoignage que vous m’en avez élégamment fait le lendemain n’a pu que le confirmer. Votre générosité est grande, Monsieur.

Une redécouverte sous l’angle du tantrisme

A mon tour donc de goûter à vos savoir-faire de dominant, services que vous n’avez pas hésité à me proposer immédiatement. J’avoue que les jeux de mon premier Maître me manquent, leur qualité surtout. Il n’est pas compliqué de trouver un partenaire de jeux, mais il est bien plus complexe d’en trouver un aussi adapté. L’enjeu est donc de taille, et vous le savez. Je me sens immédiatement en confiance sous vos ordres, votre voix est ferme, déterminée et douce à la fois. Vous savez guider, et j’ai beaucoup aimé vous obéir.

Durant trois heures durant, vous avez su prendre soin de mon confort dans mon inconfort. Que ce soit dans les cordes et la suspension que j’ai trouvée assez difficile, que dans le rythme des coups assénés sur la roue. Ce club propose un nombre impressionnant d’appareils de contrainte différents, dans des espaces bien agencés, de sorte de laisser suffisamment de place pour jouer et pour regarder. Cette roue m’avait intriguée dès le premier coup d’œil, sans savoir que j’aurai la chance de l’expérimenter aussi rapidement.

Vous avez alterné vos jouets, entre martinets, badine et autre tapette, explorant différentes parties de mon corps. Vous m’avez fait choisir et compter, haut et fort. J’avais oublié cette technique psychologique fort intéressante. Une belle manière de doser l’endurance nécessaire. Mes orgasmes kinesthésiques ont été multiples. Vos mains chaudes et rassurantes ont su apaiser ma peau, et par vos effleurements, prodiguer l’énergie nécessaire à la diffusion des flux à travers mon corps. Vous savez que tout se passe en termes d’énergie, Monsieur.

Malheureusement, nous avons été interrompus par l’heure de fermeture du club. J’ai mis du temps à redescendre de cet état modifié de conscience dans lequel j’ai été plongé si longtemps. C’est décidé, nous allons switcher, Monsieur. Nous en avons le potentiel, du moins je l’espère. Cette petite phrase résonne encore dans ma tête : « Monsieur n’a pas besoin de partition, il sait déjà jouer de mon instrument ». J’ai conservé le collier, vous avez la laisse.

7 commentaires sur « « On va switcher, sur une étoile ou sur un oreiller » »

  1. Quel plaisir de revoir ces moments défiler dans ma tête et dans mon corps. Mes cellules et mes sphincters gardent précieusement la trace de nos rencontres, Madame.

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