La mante religieuse

La peur ! L’angoisse, comme il dit, c’est la peur d’avoir peur. Peur de ne pas être à la hauteur, peur de tomber amoureux. Peur de tomber amoureux et de ne pas savoir comment me combler, me satisfaire, ne plus générer de frustration. Bien que je donne pas mal le mode d’emploi et qu’il entend tout, encore faut-il qu’il en ait envie vraiment, et qu’il puisse faire ce qui me met bien. C’est la raison pour laquelle il a retenu le moment où il allait se donner entièrement à moi, où il allait lâcher, s’abandonner. Il était déjà addicte à ma bouche, à ma peau, à mes seins, à mon sourire dès la première fois, dès la première nuit pour le reste. Je me suis donnée à lui entièrement, moi, sans retenue, parce que c’est bon et que je suis dans le moment présent ou le carpe diem. Mais lui déteste cette phrase, cet état ! Il est trop dans le mental et la réflexion, l’analyse, pour le vivre. Il pense au futur, se projette en permanence, et n’y va que s’il est sûr que ça a du sens. Donc il a attendu… plusieurs semaines, deux mois en tout, pour se donner complètement à moi.

Maintenant il le dit, le répète, comme un mantra dont il jouit aussi : “Je suis à toi ! Avale-moi, prend-moi”. C’est fort. J’ai commencé à prendre conscience de son fonctionnement après notre mise au point et qu’il m’ait fait cette confession intime :

« Elle vient de me soumettre son dernier écrit nous concernant, pour lecture et validation – rapide forcément, idéalement par retour. La patience sur tous les sujets touchant à son intimité, incluant la nôtre, n’est pas son fort !! Mais son impatience lui est d’autant plus pardonnable qu’elle est attachée à l’objet de sa passion, son moi profond, son exploration ou sa quête quotidienne, souvent dévorante.

Étant à ce moment plongé dans un travail d’écriture que je souhaite boucler au plus vite, afin de ne pas la laisser sans réaction de ma part, je me hasarde à lui renvoyer un avis largement positif, mais très bref (nommément trois mots suivis d’un pouce levé…). Je me doute bien qu’elle ne va pas s’en satisfaire mais je cherche juste à gagner du temps, je saurai bien m’en arranger avec elle plus tard !

Je reprends ma propre rédaction du jour jusqu’à la terminer, à une heure finalement très avancée. Je passe en revue mes messages, ne manquant pas de lire son « C’est tout ?! » en réaction à ma réponse, plutôt à mon embryon de réponse… Mais il est trop tard pour m’atteler maintenant à des commentaires détaillés, d’autant que mes écrits du jour m’ont quelque peu vidé le cerveau. Je lui écrirai demain à la première heure, prenant soin de le lui préciser.

Désormais dans mon lit, je ne peux m’empêcher de repenser à son texte, ses si beaux mots, fluides, sensuels, toujours à propos. Le désir s’empare alors de moi, et j’entreprends de me caresser, en commençant par le bout de mes seins. J’imagine que c’est elle qui s’en saisit, avant de les sucer à la fois délicatement et avec vigueur, comme elle sait si bien le faire. Ce qui me fait décoller à chaque fois ! J’adore qu’elle me suce (ma langue, le bout de mes doigts, mes tétons, mes testicules, mon gland, mon sexe tout entier), qu’elle m’avale, qu’elle m’aspire. Complètement. De partout. Par tous les pores de ma peau. Pour ainsi mieux entrer en elle. La pénétrer, par tous les biais possibles. Quand j’ai mon sexe en elle, j’en suis souvent rendu à éviter de jouir pour rester ainsi le plus longtemps possible, jusqu’à me retirer plusieurs fois pour mieux la pénétrer à nouveau. Quitte à ne pas jouir en elle au final (ou pas comme ça), mon souci de contrôle prenant le pas sur la libération de mes sens… Ce qui me vaut à chaque fois de devoir m’en justifier auprès d’elle, son plaisir venant aussi largement du mien. Et le mien du sien.

Mon sexe désormais bien bandé, j’hésite entre essayer de jouir sans le toucher (mais cela risque d’être long !) ou de manière plus directe, en venir « aux mains »… En procédant ainsi, en sollicitant tous mes doigts ou presque, ma semence ne tarde pas à jaillir, dans un spasme délicieusement long.

Or donc, elle a cette fois encore largement décuplé mon plaisir, m’a accompagné dans son atteinte, a guidé mes doigts. Oui mais en « virtuel » seulement, dans mes pensées. Ce qui ne me satisfait pas. Mais alors vraiment pas. Avec elle, il me faut le vrai, seulement le vrai. Imaginer dans un premier temps, fantasmer nos étreintes, les lui dévoiler, les mettre en scène, pour mieux les vivre ensemble, les partager deux fois (avant, pendant), et souvent même après. Du prologue à l’épilogue.

Mais ce soir elle n’est pas dans mes bras. Il ne me reste plus qu’à essayer de trouver le sommeil. Malgré le froid, malgré le manque.

J’aime à penser qu’elle est mon dernier amour ».

Depuis, je me suis appliquée à le lui faire systématiquement, en prenant conscience que je le faisais forcément déjà naturellement. Mais j’insiste d’autant plus, maintenant que je connais l’impact sur ses pores. Et en effet, il décolle, part au quart de tour, cela semble irrésistible pour lui. Alors, petit à petit, je peux faire ce que je veux de lui. Jusqu’à ce qu’il me l’avoue dans un râle d’après jouissance : “ça m’énerve ! tu peux faire ce que tu veux de moi…” sur le plan sensation..nel évidemment. Il m’a donc livré la clé, enfin. J’ai bien noté qu’il aimait la fluidité, le naturel ; l’aspect technique ne l’intéresse pas du tout. Je m’y emploie du mieux que je peux, même si parfois les mots restent utiles. Il en tient compte également de son côté, s’efforçant de me parler, de me dire quand c’est bon, de me demander même des choses. C’est à chaque fois prodigieux de constater les petits pas que nous faisons l’un vers l’autre pour réussir à trouver le terrain de jeu sur lequel nous allons tous les deux être à l’aise et explorer ensemble, main dans la main.

C’est après notre premier week-end ensemble à Sancerre qu’il est tombé amoureux, ou plutôt qu’il a accepté de l’être. Qu’il a eu envie d’être avec moi tout le temps, et d’être en moi. Il me le confie quelques semaines après, quand tout est enfin débloqué, et quand nous allons entamé une nouvelle période : il vient s’installer partiellement chez moi pour des raisons de commodité de trajet mais surtout d’envie commune d’être ensemble. C’est la première fois que ça m’arrive, parce que c’est venu de moi, depuis le père de mes enfants. Une étape symbolique donc. Je lui ai fait la proposition, avant notre rupture. Il n’a rien répondu, ni oui ni non. Moi, j’ai juste semé une graine, ce n’était pas non plus une obsession. Juste un “et pourquoi pas ? Puisque j’en ai envie”. J’étais presque sûre qu’il allait refuser, pour diverses raisons justifiées ou pas. Et puis, quand on s’est retrouvé après la mise au point, on en a reparlé, il a dit qu’il allait me répondre, qu’il savait que j’attendais une réponse. Enfin est venu un “bah oui…” comme si c’était évident. “Hein ? Quoi ? Tu as dit oui ? Non ? j’ai du mal entendre… tu peux répéter ?”. Il le redit “Oui, c’est oui ! Et pas pour des raisons pratiques ! Mais parce que j’en ai envie”. C’est le plaisir de cette perspective qui a illuminé mon visage d’un sourire radieux. Je ne pensais pas que cela me ferait autant plaisir !!!!! Et cela ne me quitte pas jusqu’à aujourd’hui dimanche où nous allons faire ce pas. J’en suis émue, alors que j’écris dans le salon pendant qu’il rassemble ses affaires pour la semaine.

Le 3 décembre 2018, j’écris dans mon journal intime : “Premier week-end ensemble, quatre nuits, pas envie de se quitter mais aussi première friction ce matin. On a un problème ! Il n’arrive pas à me faire l’amour, il débande systématiquement dès que je LE touche, que je le suce ou qu’on essaie une pénétration (rares essais). Ça commence à me stresser, lui l’est déjà mais franchement ça ne se voit pas. Sauf que je sens qu’il se détend un peu avec moi, notamment ce week-end je l’ai vu. Je tiens à lui c’est sûr. On se dit qu’on s’aime mais pas “je t’aime” et j’aime ça. Ce matin, je lui ai dit que 50% de mon plaisir était frustré puisque je ne pouvais pas lui donner de plaisir. Il n’est pas disposé à en recevoir, à ce que je m’occupe de lui. Comme notre première nuit en somme. Pourtant je suis si bien avec lui. Et du coup, ça l’a énervé mais je n’ai rien vu et on a continué à parler de ce problème. Il a fini par dire “on n’a qu’à se quitter”. Je l’ai mal pris, ça fait trop de fois qu’il le dit, et je ne trouve pas ça drôle. Je suis sortie et j’ai pleuré. Il est venu s’excuser. Plus tard, il m’a expliqué qu’il pense que la raison pour laquelle je pourrais le quitter c’est justement s’il n’arrive pas à me faire l’amour. Je ne suis pas d’accord car c’est un problème ponctuel, il n’a pas de souci physiologique et il dit même qu’il serait disposé à aller consulter si cela perdurait. Je lui ai dit que je n’avais pas envie d’aller voir ailleurs parce que j’ai envie de faire l’amour avec celui que j’aime. D’où ma frustration. Donc à moi d’être patiente, aimante bien sûr et de prendre la distance par rapport à ça pour ne pas lui mettre la pression.”

Maintenant, il se sent à moi et il aime cette sensation. Il s’est beaucoup donné ces derniers jours. Jusqu’à hier soir où j’ai pu enfin m’introduire en lui avec un doigt, jusqu’à masser sa prostate. Il a demandé que je continue à le masturber en même temps. Il exprimait du plaisir, alors que lors de notre débrief à ce sujet la semaine dernière, il a énoncé un plaisir plutôt cérébral : celui de me sentir en lui. Il veut me sentir à l’intérieur de lui, comme lui peut m’investir avec son corps. Il a donc demandé à ce que ça soit avec un sexe artifice, et que je le prenne comme il me prend, que je lui fasse l’amour. Sauf que je ne vois pas les choses comme ça. D’autant qu’il me confie son expérience passée avec A., qui l’a en quelque sorte contraint à le faire, sans que l’envie vienne de lui. Là, c’est différent, il en a visiblement très envie, et l’avait déjà écrit dans son fantasme de notre première rencontre. Je le sais depuis le début donc sans avoir deviné qu’il en avait déjà une petite expérience (même si non concluante visiblement). Alors, raison de plus pour moi d’y aller progressivement, et le meilleur moyen est quand même de commencer par les doigts, après la langue. J’ai donc avancé petit à petit à chaque ébat où cela pouvait se présenter. Et plus on pratique, plus il me présente son cul, plus il me dit de le prendre en me répétant qu’il est à moi. J’aime avoir son autorisation explicite, et sentir qu’il en a vraiment envie, et non pour me faire plaisir.

Je l’ai donc beaucoup léché, sucé, à chaque fois plus intensément, introduisant légèrement un doigt sans aller trop loin ni trop longtemps. Je sentais que c’était meilleur pour lui à chaque nouvelle tentative. Une fois, j’aurais pu aller plus loin mais je n’avais pas préparé le lubrifiant à côté de moi. Et je savais qu’il n’aimerait pas que j’interromps nos élans sexuels pour une raison pratique. Je me suis donc ravisée, en n’oubliant pas de le glisser sous le lit pour une prochaine fois… Prochaine fois qui n’a pas tardé à se présenter, tellement ce deuxième week-end chez lui s’est déroulé complètement sur le mode annoncé (mais non tenu) du premier week-end : sexe, manger, sexe, dormir, sexe, boire, sexe, écouter de la musique, sexe, discuter, se câliner, s’aimer. Quand j’ai glissé mon doigt enduit du liquide adapté, tout s’est détendu d’un coup. Je n’avais plus peur de lui faire mal, et l’introduction semblait tellement fluide que je suis directement partie dans ma transe jouissive. Je me suis ressaisie, car je pourrais alors y aller trop brusquement et risquer de gâcher cette chance de lui faire découvrir un plaisir anal et prostatique que j’affectionne particulièrement. J’atteins enfin LA zone souhaitée, désirée, convoitée par mes doigts. Je prends soin de lui caresser la verge en même temps. Il est positionné sur le côté, je peux donc accéder facilement aux deux en même temps, tout en posant mon corps sur le sien afin qu’il me sente. D’ailleurs, il me le dit : “je te sens partout”. Oui je suis partout Trésor, en toi, sur toi, contre toi. Son sexe glisse bien dure dans ma main enduite de lubrifiant et je sens son corps onduler de lui-même dans ces mouvements de va-et-vient que je continue de maîtriser dans la lenteur. Je sais qu’il jouit mieux avec des mouvements lents, alors je m’y applique. Et sa jouissance ne va pas tarder à envahir ma main, tandis que mon doigt le sait déjà par la sensation de gonflement de sa prostate. J’étais donc bien au bon endroit, et j’ai senti son plaisir prendre encore un autre grade.

C’est maintenant que tout commence ! Maintenant que nous avons exploré notre première levrette (après deux mois), que je lui ai suggéré de mettre plusieurs doigts en moi jusqu’à la main (il a seulement osé trois doigts), mais aussi comment caresser mon point G et possiblement déclencher ma fontaine : il a émis hier “quand est-ce que je te bois ?”. Serait-il pressé maintenant ?

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