La cérémonie d’initiation

Monsieur,

Vous m’avez demandé le débriefing de notre soirée de samedi, de notre rencontre. Le mot maître qui me vient est : « surprise ». J’ai été surprise par votre compétence. J’avoue en avoir douté, ne vous connaissant pas, et n’ayant pas ressenti chez vous une grande expérience. Mais il semblerait que cela ne se perçoit pas, du moins que je ne le perçoive pas. Mon instinct ne m’est d’aucune utilité. Vous avez donc des qualités cachées qui devraient profondément me satisfaire.

Je n’avais pas la pression, déjà parce que la soirée a été reportée de 24h d’un commun accord, mais aussi parce que ma préparation était plutôt light et assez facile, à part cette histoire de vernis à ongles qui m’ennuyait. J’avoue, encore une fois, que j’ai été surprise par l’effet de ce vernis posé sur mes doigts. Comme par magie, je me suis sentie femme instantanément. C’est fou qu’un si petit détail puisse avoir un effet aussi grand. Toutefois, cela demande un entretien dont je n’ai pas la patience… et après en avoir discuté avec une amie, la pose de vernis semi-permanents ne m’emballe pas non plus. J’espère donc que je ne vais pas être obligée à cela à chaque rencontre…

Pour le reste, j’ai dans ma garde-robe quelques éléments qui me mettent en valeur, il n’était pas difficile de les dégoter. Apparemment, mon choix vous a plu et j’en ai été fière. Donc pas vraiment de pression de mon côté, une petite crainte que vous soyez humiliant avec moi, ce que je n’aurais pas bien vécu, sans plus. Quand j’ai entendu le remue-ménage que vous faisiez pour votre mise en scène, j’ai commencé à me dire que vous aviez quand même fait un bel effort de préparation. Mais j’étais loin d’avoir imaginé quoi que ce soit, tellement je suis dans le moment présent et le lâcher prise depuis quelques temps.

C’est pourquoi j’ai eu cette réaction instinctive de rire en ouvrant le rideau qui nous séparait. Je reconnais aisément qu’il ne s’agissait pas d’un comportement adéquat. Et j’espère m’en être excusée suffisamment. J’adore le feu de cheminée, et je ne m’attendais pas à ce que vous l’allumiez. Il faisait plutôt bon ce soir. L’escalier parsemé de bougies, la lumière du feu dans la cheminée en face de moi, puis le chandelier sur la table. Une très belle ambiance chaude et chaleureuse m’attendait. Et puis vous Monsieur ! wouah, quel homme ! classe mais pas coincé, sobre. Un pantalon à pince noir, une chemise blanche légèrement entrouverte (deux boutons), une cravate noire élégamment et négligemment posée autour du col de chemise.

Je me suis présentée à vous, et je crois que vous m’avez félicité pour ma beauté. J’ai apprécié vous plaire. Nous avons l’air d’en être au même point à ce niveau de séduction. Divers ustensiles sont disposés sur la grande table ronde, parmi lesquels je remarque un gode en verre identique au mien que j’apprécie particulièrement pour sa matière froide (en verre). Je suis fascinée par le feu, et par vous. Vous qui m’expliquez que je vais devoir passer les épreuves prévues avant la signature de notre engagement. Vous m’aviez prévenu que la séance pouvait être longue, difficile et fatigante, mais j’avoue que cela ne m’a pas tout impressionné, sans trop de raison apparente. Cela aurait dû mais j’avais confiance et je pense avoir eu raison.

Vous m’avez bandé les yeux et fait enlever une de mes chaussures. Vous m’avez fait tourner sur moi-même, à tel point que j’en eu le tournis. Puis, vous m’avez guidé dans les escaliers, j’ai dû me baisser aussi pour ne pas me cogner à un plafond imaginaire. Car je savais très bien où je me trouvais et je pensais que si l’objectif était de me faire perdre mon orientation, c’était juste impossible avec les repères trop faciles que j’avais (l’escalier, le feu). J’ai dû toutefois me laisser guider par vous, ma tête ayant du mal à trouver son équilibre. Quand vous m’avez demandé l’intérêt de cette épreuve, je n’ai pas su répondre. Or, il était question de confiance ! je n’ai pas eu de mal à vous la confier, je crois qu’elle était acquise, en fait.

Il y a eu cette épreuve du goût, avec l’amertume symbolisant les émotions négatives, l’acidité, la douceur et un quatrième pour apaiser les goûts. C’est assez confus car l’épreuve a été rapide, et je n’ai pas vraiment eu le temps d’associer le goût aux symboles. Mais j’ai goûté tout ce que vous m’aviez préparé, presque sans réfléchir. J’ai eu beaucoup de plaisir lors de l’épreuve du chaud et du froid. Le glaçon qui fondait sur mon corps et laissait couler l’eau froide sur mes cuisses, tandis que le feu réchauffait mon dos. Puis, la sensation de chaud saisissant par les coulées de bougies. Je vous ai à nouveau fait confiance, alors que cet exercice peut être délicat. Et c’était très agréable, d’autant que j’aime cela tout en craignant toujours une brûlure non désirée.

Quant au jeu de couteau, j’avoue (encore) qu’avoir au préalable assistée à un atelier Knife Play il y a quelques années a dû m’aider à appréhender ce moment avec beaucoup de sérénité. Je sais que vous n’allez pas me faire mal pour me faire mal, ni me laisser des traces indélébiles sur le corps. J’ai pu apprécier pleinement le passage de la lame sur ma peau et me délecter des frissons provoqués. Quand vous avez désinfecté mon bras après m’avoir demandé avec quoi on signait un contrat (du sang Monsieur), j’ai presque souri intérieurement en pensant à cette délicate mise en scène. Vous auriez pu me piquer la veine que je n’aurai pas bougé d’un poil. Il n’en fut rien, tout est question de symbolisme.

Ces épreuves passées, vous m’avez présenté une enveloppe contenant une promesse d’engagement, très simple, en double exemplaires. Après l’avoir lu, je les ai signés et vous les ai présentés sur un support dur afin que vous en fassiez autant. Sur le buffet, vous m’indiquez la présence d’une bouteille à ouvrir pour fêter cela. J’y trouve également une seule coupe de champagne. Cela ne me choque pas, je prends un plaisir nouveau pour moi à vous servir votre coupe. Je n’ai jamais eu ce rôle, et je suis la première étonnée à y trouver un réel intérêt. Il est plaisant d’être au service d’un homme comme vous, Monsieur, et j’espère pouvoir le faire à nouveau. Je pensais devoir vous regarder boire longuement votre breuvage, mais au lieu de ça vous m’avez rapidement indiqué une autre coupe afin que nous trinquions ensemble. C’était déjà beaucoup d’honneur de m’accepter en qualité de soumise, alors être traitée comme votre égal…

Il est vrai que je me suis auto-proclamée Princesse, et que cela a semblé vous interrogez au départ. Puis, vous avez décidé de faire mon éducation pour que je devienne une vraie princesse, digne de ce nom. Alors, vous me traitez de la sorte, avec une grande galanterie au point que j’ai reçu de vous une magnifique rose rouge dont la délicatesse du parfum me poursuit encore. Je n’ai pu l’emporter avec moi, mais elle finira sa vie de rose dans le vase sur la cheminée où je pourrai la retrouver bientôt pour la conserver à jamais auprès de moi, séchée. J’ai donc été touchée par votre délicatesse et votre gentillesse. Il vous est même arrivé de me vouvoyer, à croire qu’en princesse j’impose également le respect…

La séance de triques au bambou a été des plus plaisantes. J’aime les marques que vous m’avez laissées. J’aime la progressivité que vous avez adoptée, ne me connaissant pas encore. Le rythme surtout, juste ce qu’il fallait pour laisser venir le plaisir de la douleur, et le temps de sa diffusion avant le prochain coup, et ainsi de suite. Je n’ai évidemment eu à prononcer aucun safeword, puisque tout était parfait. Je n’ai pas réussi à vous satisfaire en me donnant du plaisir devant vous avec mon sexe. Évidemment, je m’attendais à cet exercice mais pas sous cette forme qui m’a semblé trop brute. Je n’avais aucune excitation à me regarder dans la glace, et n’ayant pas la pleine capacité de voir (lunettes déposées), cela m’était encore plus difficile d’y trouver une source d’excitation.

J’ai été encore plus surprise que vous preniez les choses en main, ou plutôt en langue. Attachée pieds et mains sur le canapé, vous m’avez longuement léché et godé, sans que je n’arrive pour autant à la jouissance tant attendue. Il se trouve que mon chéri m’avait déjà fait ce plaisir quelques heures auparavant, et que j’ai bien du mal à recommencer aussi rapidement, sauf à de rares exceptions que j’espère pouvoir vous offrir un jour. En revanche, je n’aurais su compter le nombre d’orgasmes que vous m’avez procuré avec ce gode vibrant, jusqu’à pratiquement provoquer ma fontaine. Mais pour cela, il faut mieux se connaître et se pratiquer davantage.

Tout cela fut néanmoins délicieux, du début à la fin. J’attends les prochaines étapes avec patience, et sachez Monsieur que je ferai tout ce qui m’est possible pour vous plaire, vous satisfaire et vous donner envie d’en faire encore et encore avec moi. Car il me semble avoir une chance inouïe d’être prise en mains par vous, et en aucun cas je ne me pardonnerai de vous décevoir. Enfin, j’ai noté que dorénavant, je devrai vous demander l’autorisation de me masturber, ou si cela n’est pas possible de vous en informer dans les plus brefs délais. Sachez, Monsieur, que j’en avais très fortement envie, pour l’avoir espéré cette contrainte il y a quelques jours. Puis-je Monsieur ?

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